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À la recherche d’Arthur Martin

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une belle gazinière

ma belle et fière gazinière

Si comme moi ta cuisinière vient de tomber en rade un matin alors que tu étais peinard en train de te concocter une délicieuse mixture de flocons d’avoine – passés au lait chaud dans la casserole – à l’ancienne ! – en touillant à la louche en bois (reconstitué) – qui te tient par les tripes jusqu’au goûter, voici les étapes qui vont te permettre de faire valoir ta réparation du préjudice subi.

 

1) identifier le coupable

 

C’est l’étape la plus facile ! C’est écrit dessus, comme le Port-Salut. En toutes lettres, un peu snob sur les bords, qui te narguent alors que ta mixture est sur le point de tourner.

c'est écrit dessus

comme le port salut

 

ARTHUR MARTIN ÉLECTROLUX

 

Arthur Martin, tu vas voir de quelle bois je me chauffe, mon gaillard !

 

2) tout savoir sur ton gaillard

 

Grâce à ton ami virtuel qui sait tout sur tout, et son contraire, et inversement, et plus si affinités – celui qui se targue d’avoir un nom rigolo quasi-homonyme de celui de l’auteur des Âmes Mortes – tu peux en savoir plus, beaucoup plus, mettre un visage sur ta cible, sur ta proie.

recherche sur le net

recherche sur les internets

Une photo noir et blanc, mal vieillie – un portrait militaire d’un homme vigoureux, plein de fougue et d’adresse, un air mi-sérieux, mi-amusé.

Et une description froide et précise – scientifico-historique, anesthésique – celle de l’illustre ARTHUR MARTIN-LEAKE :

 

Lieutenant Colonel Arthur Martin-Leake, VC* (4 April 1874 – 22 June 1953) was an English double recipient of the Victoria Cross, the highest award for gallantry in the face of the enemy that can be awarded to British and Commonwealth forces. Martin-Leake was the first of only three men to be awarded the VC twice.

 

OK. Voilà mon gaillard, je te tiens désormais.

T’as beau avoir été militaire, c’est pas ça qui va m’arrêter!

Reste à savoir si, revenu d’entre les morts après plus de soixante ans, tu traînerais pas, par hasard, sur Facebook…

 

3) se défouler un peu

 

Parce que – que ce soit clair entre nous, Arthur – tu vas me le payer ! T’as niqué mes Quaker Oats, t’as gâché ma journée, tu m’as mis le moral à zéro, alors je vais tout faire – TOUT, tu m’entends ? – pour que tu arrêtes de foutre ma vie en l’air. Ça peut aller loin tu sais ! Si tu as un problème, j’ai des frères – trois, pour être précis – et je peux te jurer qu’ils auront aucune pitié pour ta pauvre petite gueule de cuisinière.

 

Tu fais moins le malin maintenant, hein ?

 

Petite quéquette.

 

4) tenter une approche

 

Bon, on se calme… Le réseau social au F imposant m’annonce qu’il y en a plein, des Arthur Martin…

arthur martin facebook

Des Arthur Martin y’en a plein sur Facebook

Fait chier… Autant chercher une aiguille dans une botte de sept lieux. Et je suis pas le Jack

Bauer de la grande époque, moi, ou le MacGyver des temps modernes – je ne te désamorce pas six bombes nucléaires en trois heures, je te fais pas des coups tordus avec mon couteau suisse.

 

Mais je tente ma chance, j’en prends un au hasard et je le contacte, comme ça, discretos.

Il va sans dire que je commence pas la première approche en le menaçant, ce gaillard, comme évoqué dans le troisième point ci-dessus. Non, ce serait trop voyant pour accorder un quelconque crédit aux réparations que j’exige et obtiendrai, quoiqu’il en soit, coûte que coûte, dussé-je traverser les océans avec ma cuisinière sur le dos.

arthur martin conversation facebook

Échange verbal cordial sur Facebook avec Arthur Martin dans la langue de Shakesbeer

5) être un loser et l’admettre

 

Bon, ma patience a des limites. Art’ m’a toujours pas répondu.

Art’ ? Ouais… Arthur Martin, le type que j’ai contacté sur Facebook. Je me permets de l’appeler Art’ – on commence à devenir intimes, lui et moi…

Donc ma patience, je disais, a des limites, Art’ m’a toujours pas répondu… ça fait deux semaines maintenant, et j’ai comme une horrible démangeaison dans les narines. Comme si je sentais que je m’étais fait couillonner. Dès le début. En beauté. Bien comme il faut. Jusqu’au trognon.

Alors, de guerre lasse, en grommelant, j’abandonne.

 

C’est bon, Arthur Martin de mes deux, je me rends, t’as gagné, t’es content ?

 

…Salopard…

 

Et je te préviens, on me la ferai pas deux fois : la semaine prochaine, j’achète une nouvelle cuisinière.

 

Une Hitachi.

 

 

Ça va chier…

 

 

 

Merci à Kler 🙂

L’Ex

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Le verre de bière à sa bouche, il me dit Faut que tu avances, mec –

 

Un jour il te viendra l’idée conne de jeter un coup d’œil sur son profil Facebook,

de remarquer qu’elle s’est trouvée un copain –

plus moche que toi, pour sûr, par contre elle elle s’est vachement embellie, bizarrement – en tout cas tu l’as jamais connue aussi rayonnante –

et ils ont l’air si bien ensemble, un vrai petit couple en vacances –

décor italien, sourire aux lèvres, main dans la main – elle est heureuse.

 

Le jour suivant tu remarqueras quelque part que finalement, son petit copain est devenu son fiancé – puis ils se marient et tu n’es même pas invité à la cérémonie – couple épanoui, tu n’aurais jamais fait le poids.

 

Un beau jour, tu t’aperçois par le prisme Facebookien qu’elle est enceinte, puis maman.

Comblée.

 

Alors que toi, toi qui es comme elle tombé sur le champ de bataille de l’Amour, tombé dix pieds sous terre –

 

t’en es encore à bouffer du gravier.

Comment j’ai rencontré ta mère

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Années 80.

Une boom chez Isa. Elle me tient, dès le premier regard. Je l’évite toute la soirée. Pour la faire languir, bien lui faire comprendre que ce ne sera pas facile.

Une autre soirée, puis une autre encore. On se tourne autour comme deux chats en chaleur. Des après-midis au café avec la bande. Un slow, Joe Dassin sur une vieille cassette. Au flipper je fais le malin. Un Charleston. The Cure – Lullaby. Moi et ma coupe mi-Forbans mi-Robert Smith. Elle et ses socquettes Benetton et son foulard, le même que Renaud, en plus propret.

M’asseoir cinq minutes sur un banc avec elle. Lui tenir la main. L’embrasser furtivement, lui montrer comment c’est chez mes parents, regarder sous sa jupe dans les escaliers et la prendre dans leur lit. Se dépêcher de se rhabiller, d’arranger sa coiff’ à la Jeanne Mas et la présenter aux darrons quand ils rentrent du boulot.

S’embrasser encore le lendemain, langoureux baiser devant le lycée. On ne se quittera pas. On ira à New York ensemble. On franchira le rideau de fer. Ce jour là, nos yeux se disent: tout est possible.

 

 

Années 2010.

Une des 561 friends d’Isa. Je checke son profil sur Facebook. Je like:

– des photos d’elle en zombie durant une soirée Fin du Monde (bientôt),

– le lien vers le dernier épisode de sa websérie préférée (je partage).

On se retweete l’un l’autre. On s’échange des mails, puis nos 07.

Je capte pas la 3G mais j’arrive à la rejoindre au cinéma.

On veut s’embrasser, epic fail, j’arrive pas à choper sa langue avec nos binocles 3D.

On se retrouve dans un lieu neutre et lumineux, sans lunettes. Au McDo, sur son iPhone elle me montre son année Erasmus à Tampere, je lui montre mon stage à Shenzen.

Un Sundae plus tard, on est dans ma chambre.

Je noue la capote et lui demande de partir avant que mon père rentre. Il sera encore grognon et vidé. N-ième entretien à Pôle Emploi.

Je la rassure: oui, on va se revoir.

Pus tard.

Session webcam sur Skype?