Sacré Pépère

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Fanfare de klaxon.

Je me réveille en sursaut et le temps que j’émerge de ma sieste Dan me dit : « Désolé Ben, il y avait des enfants sur le pont qu’on vient de traverser. »

La voiture de Dan est en train de filer entre Francfort et Munich – il est 16h30 et je crois avoir dormi une bonne trentaine de minutes – et en plus de ça le soleil perce depuis quelque temps.

J’ai de la chance tout va bien.

Dan – sacré pépère.

Quand nos regards se sont croisés sur l’aire d’autoroute de Spy il était même pas midi. Dan était en train de gonfler ses pneus. Il a regardé ma pancarte et il a fait : « Je vais pas jusqu’au Luxembourg moi, mais je passe par Munich.

– C’est génial ! » Je me suis exclamé. « Ma destination c’est Ljubljana – les autres villes qui figurent sur la pancarte, c’est juste à titre indicatif. Plus je me rapproche de Ljubljana, mieux c’est ! »

Et c’est comme ça que j’ai embarqué dans la bagnole de Dan – une Volkswagen Passat blanche crade, il y a un vélo sur la plage arrière.

Dan me raconte : « Je l’ai eu à Mons, c’est pour ça que je suis là. Je le ramène chez moi – en Roumanie.

– Super !

– Ouais. J’ai une ferme là-bas. Je veux me lancer dans l’agriculture bio.

– C’est un chouette projet. Je connais pas la Roumanie. J’aimerais beaucoup y aller.

– Oui c’est un beau pays. » Dan me dit.

« Mon rêve, ce serait de suivre – en vélo – toute la rive du Danube, de sa source en Forêt Noire jusqu’à son Delta en Roumanie.

– Ah ouais ?

– Oui. Imagine tous les endroits que le Danube traverse, rassemble, sépare. J’ai déjà eu la chance de voir les sources du Danube. Je me suis baigné tout nu à Vienne, au niveau des Donauinseln, je suis allé à Bratislava, à Budapest. J’aimerais bien voir Belgrade, et Bucarest. En vélo – plus de trois mille kilomètres. Pour l’instant c’est un rêve, mais un jour je le ferai vraiment. »

La Passat filait vers Liège, Aachen, Köln, Frankfurt – et je ne voyais pas le temps passer.

Avec Dan on a discuté de plein de choses – de la ferme, de ses poulets, de ses autruches, de là d’où on vient, de nos voyages – par exemple, de ses séjours en Crète et de la meilleure saison pour y aller.

Dan – sacré pépère.

Dan vient de mettre la radio plus fort. Cette chanson. Puis celle-la. Je savoure chaque instant de cette virée en voiture.

Je reçois un SMS de Mélanie : « Tu t’en es sorti ? » Si tu savais ! Ça va au-delà de mes pronostics les plus optimistes. J’ai de la chance tout va bien – peut-être même que j’arriverai à destination dès ce soir.

On finit par s’arrêter – tant mieux parce que ma vessie est pleine. L’aire d’autoroute, c’est même pas une station service – rien d’autre qu’un parking avec juste quelques places – et pas un chat.

Je le regarde en haussant les sourcils. « Here we can make free pipi ! » Of course… Dan se soulage bien comme il faut – j’en profite aussi. Puis il me fait « Can you help me ?

– Yes, sure ! For what ? »

Il prend des trucs dans le coffre. Des bidons et une bouteille d’eau découpée de telle sorte à ce que ça ressemble à un entonnoir. Puis on verse de l’essence dans le réservoir. C’est de l’essence volée fournie par les conducteurs de camion, à moitié prix. En fait d’après ce que j’ai compris les conducteurs de camion disposent d’un forfait essence, payé par leur boîte. Mais pour quelques litres de plus ou de moins, les patrons sont pas regardants. Ça leur permet de revendre des litres et des litres d’essence et de s’arrondir leurs fins de mois.

La trappe à essence de la voiture de Dan

On remonte dans la voiture. Mes mains sentent un peu l’essence et j’ai du mal à déterminer si j’aime ou pas cette odeur.

On parle de plein de trucs – et c’est tant mieux parce qu’on est en train de faire sept cents kilomètres ensemble et c’est plus agréable de faire ça en se faisant la conversation.

Dan : « Tu sais, Dracula, il a vraiment existé.

– Ah bon ?

– Oui… Contrairement à ce que la légende raconte, c’était quelqu’un de très correct, pas du tout un vampire. »

Dan – sacré pépère.

On roule, on roule – et au bout d’un moment je m’aperçois qu’on s’est trompé de route. Enfin, non. En fait, on suit une autre route que celle que j’avais prévue, on a pris celle qui allait vers Linz – un peu plus au Nord, plus à l’Est – et ça m’arrange peut-être, car c’est l’autoroute. J’ai envie de suivre Dan jusqu’à Vienne – pour revoir la ville, pour m’y perdre cette nuit – qui sait ? – mais si je fais ça je vais m’éloigner encore plus de ma destination. Et je vais sans doute avoir du mal à me lever demain, et à sortir de ville. Car comme je le dis, le plus dur avec l’auto-stop, c’est de sortir de la ville et d’y rentrer.

Dan me dit qu’il y a des montagnes en Roumanie, et des monuments mégalithiques un peu comme à Stonehenge – et c’est pas un hasard, il y a un lien entre les deux – il DOIT y avoir un lien – obligé ! Et il me raconte d’étranges disparitions aux alentours… et toutes ces légendes et j’en ai des étoiles dans les yeux – un jour j’irai en Roumanie ! – Yallah – Un jour j’irai partout !

 

À suivre…

3 réflexions sur « Sacré Pépère »

  1. Ping : Ljubljana – chez Aleks | STuPIDE et CoNTAGIEUX

  2. Ping : Un morveux à Suben | STuPIDE et CoNTAGIEUX

  3. Ping : « Draussen » – nuit, pluie, froid | STuPIDE et CoNTAGIEUX

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