Années 80.
Une boom chez Isa. Elle me tient, dès le premier regard. Je l’évite toute la soirée. Pour la faire languir, bien lui faire comprendre que ce ne sera pas facile.
Une autre soirée, puis une autre encore. On se tourne autour comme deux chats en chaleur. Des après-midis au café avec la bande. Un slow, Joe Dassin sur une vieille cassette. Au flipper je fais le malin. Un Charleston. The Cure – Lullaby. Moi et ma coupe mi-Forbans mi-Robert Smith. Elle et ses socquettes Benetton et son foulard, le même que Renaud, en plus propret.
M’asseoir cinq minutes sur un banc avec elle. Lui tenir la main. L’embrasser furtivement, lui montrer comment c’est chez mes parents, regarder sous sa jupe dans les escaliers et la prendre dans leur lit. Se dépêcher de se rhabiller, d’arranger sa coiff’ à la Jeanne Mas et la présenter aux darrons quand ils rentrent du boulot.
S’embrasser encore le lendemain, langoureux baiser devant le lycée. On ne se quittera pas. On ira à New York ensemble. On franchira le rideau de fer. Ce jour là, nos yeux se disent: tout est possible.
Années 2010.
Une des 561 friends d’Isa. Je checke son profil sur Facebook. Je like:
– des photos d’elle en zombie durant une soirée Fin du Monde (bientôt),
– le lien vers le dernier épisode de sa websérie préférée (je partage).
On se retweete l’un l’autre. On s’échange des mails, puis nos 07.
Je capte pas la 3G mais j’arrive à la rejoindre au cinéma.
On veut s’embrasser, epic fail, j’arrive pas à choper sa langue avec nos binocles 3D.
On se retrouve dans un lieu neutre et lumineux, sans lunettes. Au McDo, sur son iPhone elle me montre son année Erasmus à Tampere, je lui montre mon stage à Shenzen.
Un Sundae plus tard, on est dans ma chambre.
Je noue la capote et lui demande de partir avant que mon père rentre. Il sera encore grognon et vidé. N-ième entretien à Pôle Emploi.
Je la rassure: oui, on va se revoir.
Pus tard.
Session webcam sur Skype?