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à la Bakeri

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4p.m heures locales – quelles heures sont il à Paris, mon cœur ? Mais mon cœur est ailleurs mon cœur est en vadrouille du côté de Williamsburg ce quartier haut en couleur au cœur de Brooklyn, New-York, New-York, USA – plein de liens cher lecteur cher toi mais c’est qu’ici tout défile c’est super-difficile de tout enregistrer j’essaie pourtant je te jure j’essaie de m’exercer d’être un Memory Babe parce que mine de rien Jack mon esprit est dans TA ville mais tout va vite vite tout s’entremêle tout s’entrechatte tout s’entrechoque et se brise aussi parfois – et mon esprit se disperse et ma mémoire solitaire est quelque peu défaillante.

Tu dis que tu as écrit On the Road en trois semaines sur un rouleau – je l’ai vu d’ailleurs ton tapuscrit de 36 mètres de long j’ai eu la chance de le voir – en tournée à Paris – sans benzédrine – sous café uniquement.

Parchemin original de On the Road

Parchemin original de On the Road

Parchemin original de On the Road

Parchemin original de On the Road

Tu carburais au café wow mais comment tu fais parce que maintenant j’en tiens une tasse là de ton café et tu sais quoi ? Il est pas fort du tout ! C’est pas un café ça ! Je sais pas comment vous faîtes chez vous mais il est tellement allongé… On dirait du jus de chaussette. Résultat il est 16h et aujourd’hui j’ai beau avoir déjà ingurgité cinq cafés je suis encore fatigué nase kaputt.

Je traîne des pieds je baille il m’en faut un sixième alors tu me traînes dans cette boutique vers la 7th street – la Bakeri que ça s’appelle – avec un « i » à la place du « y » pour faire tendance? – qui comme son nom l’indique est une boulangerie-pâtisserie. Entrée dans la Bakeri donc – the Smiths en fond sonore. Un café, enfin! – un grand, please! – Et froid – parce que j’aime pas le café chaud – tu sais le café brûlant qui te nique la gorge et les papilles – parce que je suis suis trop pressé pour le laisser refroidir – et comme je suis gourmand comme j’ai faim malgré la patte de dinde rôtie que je viens de m’enfiler au marché de Smorgasburg – un cookie pour l’accompagner!

La fille au tatoo

La fille au tatoo

Cette fille sur la photo – typique des lieux – que j’ai tenté de capturer discrètement –  « enjoys the day ». C’est pas moi qui clame c’est son tatoo sur l’avant-bras – que j’aperçois à travers la vitre – elle est sur la terrasse – bonnet rouge, bracelets et stylo à la main – elle est en train d’écrire – en train d’écrire sur un carnet – les laptops c’est has been… Elle boit un café dans un verre – pas dans un gobelet transparent en plastique – à la « Weeds » où tu vois toujours l’héroïne de la série boire à la paille des cappuccinos glacés. À un moment elle va se servir au comptoir alors que je t’amène un truc – nos regards se croisent se toisent et se disent tout. Fugace. Je reviens à ma place dans ma petite boîte à tes côtés et je picore sur la table les miettes de mon cookie que j’ai avalé en moins de deux. Maintenant REM – Near wild heaven. Et on discute. De mon ressenti sur New-York cette ville-monde que j’ai tant fantasmée. La tête toujours dans la Lune cachée par les gratte gratte gratte-cieux – et Times Square et ses 10 000 soleils – je suis… ailleurs. C’est bon, le café froid est en train d’agir, je suis en train de recharger les batteries.

By night and with Mickey Mouse

Times Square comme 10000 soleils

Enjoy the day enjoy dit son bras j’enjoy mon séjour et je me suis mis en tête de partir un peu sur tes traces Jack – j’ai dans mon sac toujours ton bouquin – Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines –de Larimer Street jusqu’à Columbia où tu as étudié – un peu – en passant par le Village et Ozone Park où tu te terrais chez ta mère jusqu’à ce que Neal te sorte de ce trou et que tu partes sur la route –

Coucher de soleil à Williamsburg

Coucher de soleil à Williamsburg

 

Sur le toit du building

Sur le toit du building

et je marche sur les pas de tes errances. Alors, en Amérique, quand le soleil décline et que je vais m’asseoir en haut de ce building sur ce toit, quand je fume ma clope dans la nuit sans étoiles sans étoiles sans même l’étoile du Berger qui s’étiole comme tu dis en effeuillant ses flocons pâle sur la prairie, juste avant la tombée de la nuit complète – moi je pense à enjoyer the day the night je pense même à savourer tout mon séjour et j’ignore ce qui viendra ensuite, je pense à tout ce que je ne vais jamais pouvoir ramener dans l’avion fade du retour, je pense à Jack et je pense à toi, je pense à toi.

We make love...

We make love…

Chrysler Building

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Une main.

Mi-rouge mi-bleue, figée, vibrant un peu tellement elle est serrée.

Contre ma carotide.

Une main qui tremble.

Si elle lâche, je meurs.

Si elle serre plus fort, je meurs.

Je suis dans le vide.

Enfin, pas exactement.

Je suis un peu en dessous du soixante-deuxième étage du Chrysler Building. Mes pieds ne touchent plus terre. Je suis suspendu.

À la place de la moquette des bureaux, le bitume. Les rues. Les voitures. Deux cents mètres en dessous de moi. Les trottoirs. Les passants. La vie qui s écoule, parfaitement planifiable, quadrillée, New York City. En plein dans le mille si ma main lâche.

Je commence à avoir froid. À voir double. À ne plus rien sentir. À perdre les pédales.

Enfin, pas exactement.

À m’évanouir.

Donc, ma vue s’embrouille, mon champ de vision se rétrécie. Strangulation. Étouffement. Dans une demi-inconscience, la main, je perçois les va-et-vient de ce sang qui inondent ces veines.

Mes seuls repères.

Ça s’en va et ça revient. Cette valse, ç’en est presque amical, affectueux. Comique.

Mon cerveau n’est plus irrigué correctement. Le manque d’air, le manque d’afflux sanguin, le manque de sensations, tout ça me rend fou.

Enfin, pas exactement.

Mon cerveau flotte sur les gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes, il flotte parmi les buildings qui domptent la ville. Je dérive dans le vent, léger, hyper-conscient. Libre à 2000%.

Le contraste est saisissant.

Et juste avant de m’enfoncer dans les limbes de ce qui ressemble fort à une syncope apnéique, ou juste avant de toucher le fond, de tomber face contre terre, entre Lexington Avenue et la 42ème rue, après un piqué vertigineux, la main m’emporte, me soulève, évanescent, vers l’autre côté de la fenêtre, et me relâche doucement.

Je reprends mes esprits en haletant, et je dis :

« C’est ton tour, maintenant. »