Arizona Dream – Goran Bregovic –
Je sais pas pourquoi j’ai cette chanson dans la tête.
Peut-être le compositeur – (Ex-)Yougoslave – qui me pousse à regarder encore plus à l’Est.
Peut-être le film – dans mes souverêves à un moment le personnage joué par Johnny Depp traverse en bagnole un cimetière de voitures – des carcasses de ferraille déglinguées empalées sur des piquets les unes sur les autres.
Et la route qu’on parcourt ensemble, là, maintenant, c’est la même chose.
Vers l’Est toute et propice aux souverêves.
Est-ce qu’il y a vraiment cette scène dans le film ? J’en sais foutre rien.
La Lada d’Igor Vapatrovitch. Je connais ce modèle, je l’ai déjà vu en France – pas estampillé Lada bien sûr, mais…
Ouais – cette forme – typique d’une Dacia…

Dans la voiture d’Igor Vapatrovitch couvertures, chapelet emmêlé autour du rétroviseur intérieur, avertisseur de flics sur le tableau de bord, autoradio MP3 rempli de chansons russes, thermos de café et sans doute reste d’une bouteille de vodka sous le siège conducteur, et matos de pêche dans le coffre.
Давай Давай !
La steppe – toute plate, qui s’étend sur des centaines de kilomètres carrés – devant derrière tout autour de nous. Végétation quasi-inexistante – monotone. Quelques arbustes inoffensifs, des herbes plus ou moins mauvaises, plus ou moins hautes, pliées, balayées, terrassés, brûlées par les vents et le soleil.
On s’arrête. Pause pipi.
Il est à peine 5h du matin et il fait déjà parfaitement jour et le soleil tape déjà fort.
Les plaines au loin sont ballottés par les vents – les plaines traversées en leur temps par Gengis Khan et ses hordes, et les commerçants de la Route de la Soie.
On pose les pieds sur le bitume, on se dégourdit un peu les jambes, on fait ce qu’on a à faire, et on remonte dans la voiture.
En l’espace(-temps) de cinq minutes, le ciel d’un bleu sans taches s’est modifié, transformé en un ciel gris, ouaté et menaçant – des nuages chargé d’électricité, capables de déverser leurs cruelles trombes en quelques instants.
À un moment Igor Vapatrovitch lève le pied.
Hein quoi qu’est-ce qui nous barre la route, qui fait obstacle à la Lada qui fend les steppes ?
Un troupeau de bovins.
Qui vient de nulle part.
Et qui se dresse comme ça devant nous.
Peinards.
« Dégagez les gueux ! » dit Igor Vapatrovitch.
Du moins, c’est ce que j’imagine qu’il marmonne, en russe, dans sa moustache. Sacré Igor Vapatrovitch !
Les vaches s’écartent.
Pour la plupart.
Je dis ça parce qu’il y en a une qui nous emmerde, qui nous fait l’équivalent d’un gros fuck dans nos faces, ou plus simplement, plus philosophiquement, qui en rien à foutre.
Elle se met à pisser.
La vache !
Давай Давай !
Répondre à L’Autre et le Manque | STuPIDE et CoNTAGIEUX Annuler la réponse