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Peut-être le début de quelque chose

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On est .

Marla, K-Siddy, et moi, sur le capot rutilant d’une Cadillac bleu métallisé, dont la surface luit d’une étrange manière sous ce soleil brûlant du sud de la Californie.

Il doit être treize heures, quatorze heures à peine. Marla vient de se réveiller, et, du siège arrière de la voiture, a demandé à ce qu’on s’arrête pour qu’elle puisse se dégourdir ses belles gambettes quelques minutes. Il n’a fallu que quelques secondes pour qu’on tombe tous les trois d’accord. L’intrépide K-Siddy et moi, on se relaie au volant depuis la Nouvelle Orléans, et on roulait tambour battant depuis trop longtemps pour qu’on se souvienne de notre dernière pause.

K-Siddy, grand maître de l’asphalte, a tourné sec et s’est garé sur le bas-côté. L’endroit est désert, poussiéreux, aride. Tout ce dont on a besoin pour se remettre en selle le plus vite possible.

Marla sort un sandwich de la poche de son gilet, tout ratatiné dans du papier alu, et se met à le mordiller nonchalamment. Quand elle me le tend, un bout de bacon reste au coin de sa bouche chocolatée. J’ai envie de venir le lui prendre, sans vergogne, mais j’abandonne l’idée, je suis trop fatigué pour cela.

Le corps étiré de K-Siddy se redresse du capot, et il s’en va faire quelques pas devant nous, ses Wayfarer contrefaites sur le museau, une bouteille de San Pelegrino d’une main, une bouteille de Whisky de l’autre. Ses lèvres vont de l’une à l’autre avec une régularité digne d’un chef d’orchestre. Alternance de boissons pour s’hydrater et trouver la force de continuer de rouler.

Moi, je suis à la bière. Je sirote ma Beck’s a petites gorgées, genre « je l’ai bien méritée ». Les yeux mi-clos, éblouis par le soleil, mon dos crame sur le capot. Je me caresse le ventre en contemplant mes jean’s et ma ceinture, élimés, par endroits déchiquetés.

K-Siddy se dirige vers la portière et s’essouffle sur le siège conducteur. Déjà, c’est l’heure de repartir.

Marla monte devant, je prend sa place. À mon tour de faire un somme.

La Cadillac rejoint la route dans un nuage de poussière, et, tandis qu’elle crapahute sur le bitume, la radio diffuse What a Wonderful World.

Version Ramones, évidemment.

Fondu au noir.

The End.

Stop.

Rewind.

On n’est pas là du tout.

Il doit être treize heures, quatorze heures à peine.

Je me caresse bien le ventre, c’est même très agréable. Mais je suis en caleçon, amorphe. Dans un trois-pièces miteux. Pas au sud de la Californie, mais 2800 miles plus au nord, plus à l’est. Douzième rue, New York City. Mon appart’. Mon lit.

Hey ho, let’s go!

Marla va bientôt débarquer. Il faut que je me prépare.

Je souffle une dernière fois sur le joint, pas frais. Il date d’hier et de la venue de Tom chez moi, à l’improviste, bien évidemment. Je l’éteins quelque part entre les draps, dans ce que j’espère être un cendrier improvisé.

J’ouvre les yeux. Couleur laiteuse autour de moi. Lait caillé, à bien y réfléchir. Le genre de teinte qu’on retrouve dans toutes les bonnes cliniques, au service des soins palliatifs. Et l’odeur dégueulasse qui va avec.

J’ouvre la fenêtre pour aérer, dans le ciel la même couleur lait-caca, et en plus, c’est déprimant, il pleut. La pluie froide, typique de New York, qui transperce tous tes vêtements et te glace le sang.