Cracovie, Amsterdam, Luxembourg, Louvain, New-York, Lille ou Paris –
ou ailleurs
peu importe où.
Je me souviens de ces parcs
grandes étendues d’herbe plus ou moins verte
odeur de gazon tondu ou de merde de chien écrasée.
Un appel à s’allonger.
À faire comme eux, là –
Nobles clochards le cul posé sur les journaux dépliés qu’ils viennent de lire.
On y parle de retraites, de tsunamis nucléaires, de Syrie et eux mangent sagement leurs raviolis froids à même la boîte de conserve.
Je les contemple dans la lumière rasante d’un après-midi d’automne.
Barbes de trois mois cheveux crépus
vêtements qui puent
Peaux rouges qui scintillent parmi les feuilles qui tombent et glissent sur eux.
Je pose mon manteau sur l’herbe encore humide
enlève mes veilles Dr Martens – usées par la pluie la neige la bière et les milliers de kilomètres qu’elle et moi on a faits ensemble –
pour sentir l’herbe le vent le froid sur chacun de mes orteils.
Ils font ce qui vient dans leur tête
au moment où ça vient
pas besoin d’explication – wham wham.
Des Beats. Des Fellaheen.
Loin de chez eux.
Tous des dézingués de l’Interzone
Interlopes déshérités dépossédés de tout sauf du Grand Air
qu’ils ne sentent déjà plus
dans les vapeurs alcoolisées
Fantômes doublés de pochtrons.
Ce mec là ne doit même plus savoir si dans sa bouteille
c’est de la piquette ou de l’eau de pluie.
Il reste là figé
par tous temps.
Il y en a deux là-bas qui sortent du lot
comme s’il n’avaient rien à foutre là
Le mec fume un cigare, la fille est allongée
son regard se pose sur moi.
Ils se lèvent et viennent à ma rencontre.
Présentations rapides
Martin et Moïra
enchantés.
B.Howl.
Idem.
Ce qu’on va faire demain ? Aucune idée. Attends de voir ce qui va se passer ce soir.
Ils s’éloignent et me laissent la tête dans l’herbe et les yeux dans les nuages.
Martin et Moïra…
J’imagine leur vie.
En cavale.
Le mec a une couche? ha, super bien
Ouais, une sacrée couche! Tu l’as vu ou tu dormais encore?