Le vœu se réalise.
C’est bien beau tout ça.
Mais le plus intéressant c’est l’après.
Tu sais, « après », après la lune de miel,
après l’état de grâce
quand le drame se poursuit,
quand tes œillères sont percées,
quand tu t’aperçois que t’en chies toujours autant.
On va faire quoi ? Ramasser à la pelle les cendres de nos amours fumantes ?
Je lui reproche de jamais être là pour moi.
Non, pas jamais. Mais très peu. Trop peu.
Jamais.
Parce qu’on se voit jamais, tout simplement.
Elle me reproche de toujours faire le pitre.
Non, pas toujours. Mais en soirée. En public.
Toujours.
Parce que ça la gène. Parce que, selon elle, aux yeux des gens je finis par être stupide et que c’est contagieux.
Mais putain ouvre les yeux Marlène ! Je suis toujours comme ça !
Quand on est à deux, rien qu’à deux, le peu de fois qu’on est à deux, je les fais, mes pitreries grotesques !
Les blagues sur les porcs tout gais.
La descente des escaliers.
Le ventre qui chante « Don’t worry be happy ».
Et je te vois sourire, je te vois même rire, parfois ! – aux éclats.
Incompatibles…
Non ?
Ce serait le diagnostic de tous les bons médecins, non ?
Alors une nuit, une énième nuit où tu es pas là,
Je glisse de l’autre côté,
presque par hasard, presque naturellement.
Tu sais, « de l’autre côté », du côté des salauds
quand tu te retrouves dans la chambre tamisée d’une de tes nouvelles potes
quelques verres de blanc dans la tête
Tu la regardes des bulles dans les yeux
flous – folle, jeunesse disparate .
Elle te regarde
proie facile et vulnérable.
« je vais pas te faire un dessin ? »
ce soir tu feras l’affaire
Mais je peux pas, je…
Elle agite un sachet
le coup de grâce.
Tu soupires.
MDMA…
Et puis merde
à quoi bon se retenir ?
Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté,
du côté des salauds,
à part ceux qui ont croqué la pomme jusqu’à en avaler les pépins.
Se retrouver sur son ventre
Sentir sa peau douce
Sniffer à même le nez toute la MD dispersée
jusqu’au dernier grain
coincé dans le cratère de son nombril
aimer ça
jouer encore
à ces jeux d’adultes – plus ou moins
consentants.
Jouer jouir choir
T’aimer comme ça
malgré ça malgré tout
du côté des salauds.