« Il n’est pas important de sortir le premier, ce qui importe, c’est d’en sortir vivant. »
– Bertolt BRECHT
C’est pas possible. Elles ont recommencé.
Cette fois encore elles s’installent sur ma balustrade.
J’ai guetté le moment où elles arrivent, quand mine de rien la première branche se pose.
Signe du nid qu’elle vont construire
et des œufs qu’elles vont choyer.
(Et de la merde qu’elles vont laisser…)
Voilà maintenant Diya est posée – un peu fatiguée après l’accouchement
(ça se dit ça, que les pigeons accouchent ?…)
mais depuis elle a repris du poil de la bête
(enfin dans son cas, « des plumes de la bête »)
et parfois relayée par Marcelline
elle couve deux œufs sous son aile.
Comment je vais les appeler,
ces nouvelles têtes qui vont bientôt éclore ?
Après Marco et Polo
puis Jules et Verne…
Comment je vais les appeler, bordel ?
Allez quoi, un peu de légèreté,
un peu de grâce, de lyrisme,
un peu de poésie !
MEEEeeeeRDEEee !!!
Quelle conne cette Diya !
C’est stupide, un pigeon –
et c’est contagieux.
Un faux mouvement d’aile,
un geste brusque
et crac –
elle explose l’un des œufs
et tout le jaune tout le blanc
s’éclatent sur elle –
violemment.
L’autre œuf n’a rien.
Il se fissure doucement
Il y a de la vie à l’intérieur.
Il est né le divin enfant-pigeon !
Déjà soumis aux dures lois
de la vie et
de la sélection naturelle de mes deux.
Le bébé pigeon
sort sa tête
hideuse et toute poilue.
Comment je vais l’appeler ?
KEN.