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À la recherche d’Arthur Martin

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une belle gazinière

ma belle et fière gazinière

Si comme moi ta cuisinière vient de tomber en rade un matin alors que tu étais peinard en train de te concocter une délicieuse mixture de flocons d’avoine – passés au lait chaud dans la casserole – à l’ancienne ! – en touillant à la louche en bois (reconstitué) – qui te tient par les tripes jusqu’au goûter, voici les étapes qui vont te permettre de faire valoir ta réparation du préjudice subi.

 

1) identifier le coupable

 

C’est l’étape la plus facile ! C’est écrit dessus, comme le Port-Salut. En toutes lettres, un peu snob sur les bords, qui te narguent alors que ta mixture est sur le point de tourner.

c'est écrit dessus

comme le port salut

 

ARTHUR MARTIN ÉLECTROLUX

 

Arthur Martin, tu vas voir de quelle bois je me chauffe, mon gaillard !

 

2) tout savoir sur ton gaillard

 

Grâce à ton ami virtuel qui sait tout sur tout, et son contraire, et inversement, et plus si affinités – celui qui se targue d’avoir un nom rigolo quasi-homonyme de celui de l’auteur des Âmes Mortes – tu peux en savoir plus, beaucoup plus, mettre un visage sur ta cible, sur ta proie.

recherche sur le net

recherche sur les internets

Une photo noir et blanc, mal vieillie – un portrait militaire d’un homme vigoureux, plein de fougue et d’adresse, un air mi-sérieux, mi-amusé.

Et une description froide et précise – scientifico-historique, anesthésique – celle de l’illustre ARTHUR MARTIN-LEAKE :

 

Lieutenant Colonel Arthur Martin-Leake, VC* (4 April 1874 – 22 June 1953) was an English double recipient of the Victoria Cross, the highest award for gallantry in the face of the enemy that can be awarded to British and Commonwealth forces. Martin-Leake was the first of only three men to be awarded the VC twice.

 

OK. Voilà mon gaillard, je te tiens désormais.

T’as beau avoir été militaire, c’est pas ça qui va m’arrêter!

Reste à savoir si, revenu d’entre les morts après plus de soixante ans, tu traînerais pas, par hasard, sur Facebook…

 

3) se défouler un peu

 

Parce que – que ce soit clair entre nous, Arthur – tu vas me le payer ! T’as niqué mes Quaker Oats, t’as gâché ma journée, tu m’as mis le moral à zéro, alors je vais tout faire – TOUT, tu m’entends ? – pour que tu arrêtes de foutre ma vie en l’air. Ça peut aller loin tu sais ! Si tu as un problème, j’ai des frères – trois, pour être précis – et je peux te jurer qu’ils auront aucune pitié pour ta pauvre petite gueule de cuisinière.

 

Tu fais moins le malin maintenant, hein ?

 

Petite quéquette.

 

4) tenter une approche

 

Bon, on se calme… Le réseau social au F imposant m’annonce qu’il y en a plein, des Arthur Martin…

arthur martin facebook

Des Arthur Martin y’en a plein sur Facebook

Fait chier… Autant chercher une aiguille dans une botte de sept lieux. Et je suis pas le Jack

Bauer de la grande époque, moi, ou le MacGyver des temps modernes – je ne te désamorce pas six bombes nucléaires en trois heures, je te fais pas des coups tordus avec mon couteau suisse.

 

Mais je tente ma chance, j’en prends un au hasard et je le contacte, comme ça, discretos.

Il va sans dire que je commence pas la première approche en le menaçant, ce gaillard, comme évoqué dans le troisième point ci-dessus. Non, ce serait trop voyant pour accorder un quelconque crédit aux réparations que j’exige et obtiendrai, quoiqu’il en soit, coûte que coûte, dussé-je traverser les océans avec ma cuisinière sur le dos.

arthur martin conversation facebook

Échange verbal cordial sur Facebook avec Arthur Martin dans la langue de Shakesbeer

5) être un loser et l’admettre

 

Bon, ma patience a des limites. Art’ m’a toujours pas répondu.

Art’ ? Ouais… Arthur Martin, le type que j’ai contacté sur Facebook. Je me permets de l’appeler Art’ – on commence à devenir intimes, lui et moi…

Donc ma patience, je disais, a des limites, Art’ m’a toujours pas répondu… ça fait deux semaines maintenant, et j’ai comme une horrible démangeaison dans les narines. Comme si je sentais que je m’étais fait couillonner. Dès le début. En beauté. Bien comme il faut. Jusqu’au trognon.

Alors, de guerre lasse, en grommelant, j’abandonne.

 

C’est bon, Arthur Martin de mes deux, je me rends, t’as gagné, t’es content ?

 

…Salopard…

 

Et je te préviens, on me la ferai pas deux fois : la semaine prochaine, j’achète une nouvelle cuisinière.

 

Une Hitachi.

 

 

Ça va chier…

 

 

 

Merci à Kler 🙂

ERREUR 404

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Je sais pas vous, mais moi je trouve qu’en ce moment, STuPIDE et CoNTAGIEUX – entre des récits d’autostop à peine intrépides et la description romanesque de paysages désertiques, ne raconte plus grand-chose de vraiment stupide ni de réellement contagieux. Alors faut s’y remettre !

 

Aujourd’hui je vais vous parler d’ERREUR 404.

Kesskecé ?

Pas de suspense insoutenable – levons dès maintenant le voile sur ERREUR 404, le quatuor de rockeurs qui monte qui monte qui monte dans nos contrées.

Reconnaissables entre tous avec leur look de vieux Hipsters tatoués façon malabar goût fraise des bois chimique, leur barbe grandiloquente hirsute et leur collier de tiges de blé noir nouées, J.J (chant et clairon), Art’ (guitalélé), Raf’ (cymbales et grosse caisse) et Igor Vapatrovitch Gonzalez (baguettes et beatbox) se connaissent depuis l’enfance – une enfance passée à courir la jeunesse le long des bidonvilles au charme désuet d’Obies (59) – une période heureuse mais frugale et rustique qui a forgé leur caractère bien trempé – un peu Viking pour les uns, un peu Hun pour les autres.

C’est lors d’un feu de camp/bar mitzvah/rite funéraire païen – préadolescence effarouchée et mèches sur les yeux – que ces quatre garçons dans le vent du nord, tous fans de Boris Vian et des New Kids on the Block, se sont rencontrés pour la première fois. Les panachés et autres légers alcopops aidant, en haut de la colline les langues se sont déliées – « Et si on formait un groupe ? » – la question sonna longtemps dans l’air humide de la plaine – jusqu’au petit matin – comme une évidence chancelante – mais le doute ne planait plus – et c’est ainsi qu’est né le groupe précurseur d’ERREUR 404 – les Gonzatchi – acronyme subtil et éloquent de « Gonzo » et de « mariatchi ».

Après un détour par le bal musette avec des reprises d’Yvette Horner feat. Boy George, puis par le Punk Hardcore Underground Rural (PHUR), le combo nordiste a décidé de passer au rock fort avec tout d’abord HELLO KITTY 69 puis, au tournant des années 2010 – ERREUR 404.

Les caractériser paraît une tache bien ardue pour le parajournaliste néophyte que je suis. Selon leurs propres mots, ERREUR 404 est un mélange entre « Scorpions sous acides » (J.J) et « Kyo à la sauce Nu Metal » (Igor Vapatrovitch Gonzalez) avec « quelques sonorités Beastie Boysiennes » (Art’) et des « samples d’Aznavour de la grande époque » (Raf’).

 

Je vais être clair avec vous – ERREUR 404 c’est d’abord et avant tout :

 

Du gros son qui tache

Des cordes (vocales) qui pètent

Du larsen dans les enceintes

Des bam-bams qui font boum

Des décibels qui déchirent

 

ERREUR 404 en a plein le slip et vous en met plein la tête.

Après quelques tremplins locaux, quelques premières parties de vieux crooners sur le retour et quelques scènes à l’étranger (Mouscron, Steinweiler, Gniew, Riudoms…), après des mois d’errance en Patagonie, ils sont enfin de retour pour dépoussiérer le marché sclérosé et incontinent de la musique légale dématérialisée avec leur premier E.P qui déglingue sa race : « Should I stay or should I milk cows ? » – en écoute en exclusivité dans tous les Intermarchés de France et de Navarre.

mmm… de Navarre uniquement…. Juste celui de Bidache en fait.

 

Un groupe à écouter absolument.

 

Si ce %ùµ*$¨}]@ç de lien veut bien marcher.

La cosmogonie du vide

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Je me balade dans les rues de Lille la nuit – comme souvent, p’tit père, du côté de Wazemmes. Et là soudain c’est pas une superbe blonde platine qui apparaît devant moi non – mais un titre – dans ma tête en gros plan comme les sous-titres d’un épisode de série Z.

LA COSMOGONIE DU VIDE

Bon, très bien, je dis à moi-même… Mais maintenant que j’ai le titre, il me faut une histoire, p’tit père, non ?

Sauf que je creuse un peu, cette histoire apparaît pas.

Flûte, zut, saperlipopette – poils de camembert.

D’habitude, il m’arrive souvent d’avoir une histoire d’abord, et de trouver un titre après, une fois le point final ajouté.

Schéma : Idée ==> histoire ==> titre.

Classique tu me diras. Et généralement là où ça foire c’est entre l’idée et l’histoire…

Mais là j’ai pas d’histoire, et encore moins d’idée !

J’ai beau prier tous les dieux de l’Olympe, p’tit père, j’étais sorti de la réalité un bref instant – une fraction d’éternité. Et me voici désormais – inexorablement – revenu dans la rue sombre et pluvieuse. D’autant plus sombre et pluvieuse que 1) j’ai ni capuche ni parapluie et 2) il fait nuit et je porte encore mes lunettes de soleil – depuis que mes lunettes de vue sont pétées, le matin même de mon départ pour Freiburg. Bon, OK… je suis jamais parti pour Freiburg. Du moins pas ce jour là. Ni même cette année là. C’est juste une histoire, juste un jeu, juste un mensonge. À quel point ?

Toujours cette frontière poreuse – fragile – entre ce que je vois et ce que j’imagine, ce que j’imagine et ce que je vois… Mais p’tit père compte pas sur moi pour t’indiquer s’il y a des points de passage, et s’ils existent, où ils sont…

J’ai le titre – maintenant je dois me dépatouiller avec. Faire des recherches. Et comme d’habitude, je dois faire avec ce que j’ai et commencer par le commencement.

Au début était le verbe.

COSMOGONIE – qu’est-ce que ça signifie ? Le système de la formation de l’univers. Légendaire évidemment – brassé selon les différentes mythologies.

Mouais… je t’avoue que là, franchement, c’est maigre comme piste pour raconter une histoire.

Et le VIDE. Pourquoi ce mot ? Genre NETTOYAGE PAR LE VIDE ? Comme ces 46000 mots que j’ai perdus une fois ? Ou genre le Vide ? Avec une majuscule. Comme le néant ? Celui vers lequel tous on se dirige ? Poussière tu retourneras à la poussière ? C’est quoi ces conneries ?…

Pourquoi le vide, pourquoi pas le CHAOS – un truc rocambolesque, un truc qui envoie du lourd. Qui pourrait être le titre du prochain Rambo. « RAMBO VII : LA COSMOGONIE DU CHAOS» Ouais ! Ça va chier ! Avec plein de sang et de petits Viets qui se font massacrer à grand renfort de mitraillette !

Plus sérieusement, le chaos… Opposition de l’ordre et du désordre. Un joyeux bordel en somme. Je crois qu’à partir d’un certain point de vue, tout à un ordre. C’est juste que de là où nous sommes on a pas accès à la logique qui donne un SENS à tout ça tu crois pas ? Ici et maintenant dans cette rue pluvieuse et noire de Wazemmes.

Non, p’tit père, ici et maintenant c’est pas le chaos qui m’est venu à l’esprit, c’est le VIDE. Opposition du rien contre tout. Et tout ça c’est pas rien…

Les dieux s’ils existent n’aiment pas le vide, je pense. Ouaip ! La Nature a horreur du Vide. On dit que c’est vide, mais en fait c’est juste des éléments qu’on arrive pas encore à identifier. Comme l’antimatière par exemple. Ou des trucs de ce genre – hyper-compliqués, carrément capilotractés. Méga-glucose.

Tu vois bien maintenant p’tit père que c’est pas du vide là, ce que tu vois. Vide de sens, oui – désordonné, sûrement – mais pas vide-tout-court.

Écrire c’est désassembler le vide qui ne l’est pas, le déconstruire, le déstructurer, le malaxer, l’étirer comme un chewing-gum de manière à ce qu’il tienne dans le texte de cette semaine – le transformer pour en faire ensuite… je sais pas… pour enfanter… un Grand et Luxuriant Bordel. Cet univers en formation que je suis en train d’engendrer. Et que tu rends vivant-presque-palpable puisque tu m/le l/vis.

De toute façon, peu nous importe, p’tit père – peu nous importe…

Du moment que ce vide nous a fait passer un peu le temps ensemble.

La porte, bordel!

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Tous les matins
TOUS les matins
TOUS LES MATINS

de la semaine

avant de prendre le métro

pour aller au boulot

– je vais être à la bourre

tout est prêt ?

CHECK:

– fenêtre du salon

FERMÉE

– lumière des WC

ÉTEINTE

– lumière de la salle de bain

(TOUJOURS…) PAS DE LUMIÈRE

(depuis des lustres)

(ceci dit c’est bon, j’ai éteint la bougie)

– fenêtre de la cuisine

FERMÉE

– plaques chauffantes

ÉTEINTES

(de toute façon ça fait longtemps que je

ne les utilise plus le matin

de peur de les laisser allumées toute la journée)

Tout ça – je le vérifie

au moins deux fois.

Juste avant d’y aller

je choppe une pomme

la dernière du panier à fruits

mon petit déjeuner

sur le chemin jusqu’au métro

je la coince dans ma gueule

comme une balle ramenée par un

berger allemand

et je ferme la porte.

Dans les escaliers de l’immeuble

deux étages plus bas

parfois au rez-de-chaussée

parfois aussi dans la rue

et une fois même

dans le métro

où j’ai dû faire demi-tour

– c’est là que ça se déclenche :

EST-CE QUE J’AI BIEN FERMÉ MA PORTE À CLÉ

?

ma porte d entree

 

C’est un truc

comme une pression dans mon crâne

dans les méandres de mon cerveau

un coup de flip

qui me hante

qui m’obsède

– un TOC

ou un TIC

je sais plus

– un truc

stupide

et contagieux

– le geste est tellement devenu un réflexe

que t’es même plus sûr de l’avoir fait.

« Évidemment qu’elle est fermée, ta porte !

– Mmm t’es sûr ?

– Non »

Souvent je me rassure : « Oui oui c’est bon… »

mais le doute met longtemps à se dissiper

et j’ai comme un trou d’air

ça m’angoisse

me trotte dans la tête

jusqu’à la station de métro

Pour me convaincre que c’est OK,

pas besoin de vérifier

je me dis même :

« Il y a rien à voler chez toi de toute façon.

Et tu crois que les voleurs vont s’amuser

à aller dans TON immeuble

et à gravir TOUS CES ÉTAGES

pour voler quoi ?

Un ordi, une guitare et un paquet de cacahuètes ?! »

Parfois je succombe –

je remonte à mon étage

pour vérifier

– évidemment qu’elle est fermée, ma porte ! »

et quand je redescends

BIM – ça ne manque pas :

EST-CE QUE J’AI BIEN REFERMÉ MA PORTE À CLÉ

QUAND J’AI VÉRIFIÉ QU’ELLE ÉTAIT FERMÉE

?

Le scorbut et le rheunar

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  • C’est quoi ça ?
  • Quoi quoi ?
  • ÇA ! Le mot que tu viens de mettre ! S.C.O.R.B.U.T…
  • Ça, c’est « scorbut », pourquoi ?
  • Ouais, je vois bien, mais je te demande ce que c’est. T’es sûre que ça existe ?
  • Oui, bien sûr. Le scorbut c’est un genre de maladie…
  • OK. J’en ai jamais entendu parler avant. Alors si tu me claques un mot compte-triple que tu viens d’inventer…
  • Tu m’accuses de tricheuse ? Écoute, bien sûr que ça existe.
  • Si c’est une maladie, la prochaine fois je n’aurais qu’à placer « herpès » ou « syphilis », au moins on connaît toutes les deux. C’est quoi les symptômes ?
  • J’en sais rien. Je crois bien que c’était une maladie que les gars avaient dans les bateaux quand ils faisaient le tour du monde.
  • C’est pas le scorbut, ça. C’est la chiasse. Ou le mal de mer. Et puis, ils avaient qu’à prendre l’avion : ils n’étaient pas certains d’arriver à bon port, mais au moins ça leur aurait éviter tous ces problèmes.
  • Je te parle d’avant, quand les avions n’existaient pas, même pas en rêve.
  • D’accord, mais si tu utilises des mots dont tu ne connais même pas la signification…
  • Aucune règle ne l’interdit, non ?
  • Non, et pour le coup, c’est bien dommage. Tu vas gagner la partie avec un mot qui ne figure même pas dans ton vocabulaire, qui est, au final, assez limité au quotidien,
  • Fous moi la paix… Si tu ne me crois pas, regarde dans le dictionnaire, il est fait pour ça, il t’attend, il t’appelle même !
  • Non, c’est bon, ça ira.
  • À ton tour.
  • Ouais, je sais… Je réfléchis seulement à ce que je vais placer… Voyons voir… C’est bon !
  • R.H.E.U.N.A.R . Rheunar ? Renard ? C’est pas comme ça que ça s’écrit.
  • Mais si !
  • Non, je te dis.
  • OK, j’avoue. MAINTENANT, c’est pas comme ça que ça s’écrit, mais avant, genre au temps de Louis XIV, ça s’écrivait comme ça.
  • J’en suis pas persuadée.
  • À ton tour de vérifier dans le dico, alors !
  • Non, c’est bon.
  • Ah, tu vois ! Tu me crois ! Et si tu me demandes ce que c’est, je te dirais que c’est un animal préhistorique, ancêtre du renard actuel. Il avait des griffes et des écailles.
  • Arrête de te foutre de moi.
  • Je ne me fous pas de toi. L’évolution, tu connais ? Eh ben le rheunar, c’était un dinosaure, tu vois, il mesurait trois mètres de haut et il avait un estomac tellement solide qu’il pouvait bouffer des cactus toute la journée sans choper le scorbut.
  • C’est ça, et ma mère c’est la reine d’Angleterre.
  • Peut-être. Tu sais, on a jamais osé faire des tests génétiques, et vu la réputation de queutard de ton père…
  • Ta gueule ! T’as pas le droit de dire ça.
  • Ta gueule toi-même, d’abord. Aujourd’hui, j’ai comme l’impression qu’on peut tout dire. Regarde, toi, tu places bien « scorbut » et tu rafles cinquante points + mot compte-triple. Je me doute que ce mot est dans le dico, et je m’en fous. Moi, ce que je veux te faire comprendre, c’est qu’on a pas besoin de dictionnaire, de règles, de normes. « Un sens pour chaque mot, pour chaque chose qu’on fait » bla bla bla. À partir du moment où on se comprend l’un l’autre, plus rien n’est important. Tu comprends ?
  • Je crois que je saisis, ouais. Je pense que cette idée m’a traversé l’esprit un jour, en cours de philo…
  • T’aurais dû plus écouter… Bref, c’est ton tour, maintenant.
  • OK, je pioche…. Ah, c’est bien, ça. Hop!
  • Z.J.K.U.F.R.A… Mais ça ne veut RIEN dire !
  • Je sais, c’est le but. Tu l’as dit toi-même : on a pas besoin de dictionnaire. Et en plus, je mène de nouveau la partie.

Publié originellement ici

La Sainte Verge

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C’est stupide.

Une bite.

Ça a un tout petit capuchon et c’est tout ridé.

Et c’est contagieux.

Certainement.

Je veux dire, il y a certainement des tas de microbes pas très très jolis à voir au niveau du gland.

Mais celle d’Esteban, elle est fameuse.

Genre « Je suis une légende ».

Esteban n’a rien à voir avec Will Smith, pourtant, mais depuis le temps qu’on en parle, je pense qu’on peut lever le secret qui entoure cette histoire à six pieds en dessous de la ceinture.

« Quels sont tes rêves ? », je lui ai demandé la première fois qu’on s’est parlés. Question classique, dans mon schéma mental, à chaque fois que je rencontre quelqu’un que je ne connais pas et avec lequel j’ai envie de faire un bout de chemin.

Je ne me souviens plus de sa réponse. C’était il y a tellement longtemps. Ou je n’ai pas envie de la répéter. Tout ce que je peux me permettre de dire, c’est qu’à la fin, forcément, il y a eu le « Et toi ?

– Moi ? », j’ai fait, « Je rêve d’avoir la même verge que toi. »

Il a froncé les sourcils, genre « Je ne vois pas très bien où tu veux en venir, mais OK… »

Ce n’est que bien plus tard qu’il a compris le sens de ma phrase. Flash forward. Fuite en avant.

Encore une fois, j’ai visé juste. Je prédis l’avenir. Balèze.

Une soirée au café, tous ensemble, tous les mêmes, notre inséparable bande de potes. Les conversations s’entremêlent à gogo en même temps que les verres se remplissent, se vident, se re-remplissent et se re-vident. Puis, dans un silence monastique, le choc frontal.

La voix tremblante, Esteban avoue, presqu’à demi-mot, quasi-douloureusement : « Lucy a dit que j’ai une belle verge. »

Si c’est Lucy qui le dit, ça ne peut qu’être vrai.

Bon, je vais mettre tout de suite les choses au clair, hein, Lucy n’est pas une collectionneuse de verges, loin de là. Elle est comme tout le monde, elle en a croisé quelques unes. C’est tout. Mais Lucy ne ment pas, et celle d’Esteban, elle n’est pas comme celle de tout le monde. C’est tout.

Ce soir là, en rentrant chez moi, j’ai eu mal au ventre. La fatalité, l’envie, la jalousie, ou peut-être était-ce l’orge de ma bière qui avait germé.

La question qui tue : « Une belle verge, c’est quoi ? »

Bonne question, Jamie !

Une belle verge n’est pas obligatoirement grande ou grosse. La taille, finalement, importe peu. Et même le goût ne compte pas. L’harmonie de la tonsure des poils du pubis ? La courbure de l’élan érectile? La veine au milieu, peut-être, parfaitement dessinée ?

Que nenni ! C’est juste un ensemble hétéroclite d’éléments, de facteurs, qui, individuellement, ne signifient rien, mais qui, pris comme un tout, s’ordonnent magnifiquement.

Une verge de nature divine.

La sainte verge.

Enfin, je sais pas, je ne l’ai jamais vue, moi, sa belle verge… C’est juste comme ça que je vois les choses.

La belle verge d’Esteban n’est finalement qu’un secret de polichinelle. Le genre de trucs qu’on sort, à tour de rôle, quasiment à chaque fois qu’on se voit. Comme quand on parle de ma sex-tape avec Lucy. Sauf que c’est beaucoup moins glamour, dans mon cas. Bref, passons…

Mais, là, dernièrement, ça s’est un peu barré en sucette. Mary, la nouvelle copine d’Esteban, une lointaine pièce rapportée qui a peu à peu adhéré au groupe et qui en fait, désormais, partie intégrante (au grand plaisir de tout le monde, ceci dit!), n’est pas du même avis que Lucy. « Je ne trouve pas qu’il a une si belle verge que ça, Esteban. »

Ah, merde. Tout part en couille! Y’a plus de repères!

J’ai crû que Lucy allait se lever et qu’il y aurait du crêpage de chignons dans l’air. Ou un combat de catch, dans la boue, d’ailleurs je me frottais déjà les mains à l’idée de les mater, Lucy et Mary, Mary et Lucy, toutes nues toutes les deux, dans la crasse et la sueur.

Mais non, rien de tout ça ne s’est produit. Lucy a tout de suite calmé le jeu par une réplique cinglante : « Je ne peux rien dire sur son état actuel, mais je sais qu’à mon époque, Esteban avait une belle verge. »

Je rappelle que Lucy ne ment pas.

D’un autre côté, j’aimerais croire Mary, si tu savais…

Pas facile de départager le faux du vrai, l’info de l’intox là dedans.

À bien y réfléchir, c’est peut-être ça, finalement, le principe de la réalité et du paradigme.

Diya

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C’est stupide.

Un Pigeon.

Ça a une toute petite tête et ça chie partout.

Et c’est contagieux.

Certainement.

Je veux dire, il y a certainement des tas de microbes pas très très jolis à voir sous les aiss-ailes d’un pigeon, non ?

Diya est arrivée chez moi par une belle matinée de Février. Je ne sais plus quel temps il faisait, en tout cas je suis sûr que c’était en février. Un dimanche. Ça je m’en souviens, parce qu’il y a cette église à côté de chez moi dont les cloches me réveillent à 10h, ce qui, je trouve, n’est pas une vie, ce qui, je trouve, est pire, par exemple, que de trimer 14h par jour dans une usine de composants électroniques de Shenzhen, Chine.

Le sommeil, bordel, c’est important !

Non ?

J’ai tout tenté pour qu’elle ne vienne pas s’incruster.

Je voyais les brindilles s’amonceler, l’une après l’autre. Dès que ça commençait à former un tas consistant, je les virais, hop, d’un coup de balai, net, propre et sans bavure.

Je ne voulais pas qu’on me refasse le coup de Marcelline.

Je m’étais fait avoir une fois, il ne fallait pas pousser le bouchon, je n’allais pas me faire couillonner une deuxième fois, non ?

Et donc, dimanche matin, je prends tranquille mon petit-déj dans la cuisine.

Pour info, d’ailleurs, si ça peut intéresser les millions de lecteurs de ce blog, je ne mange plus de Quaker Oats.

C’est fini.

Non, en fait ce n’est pas fini.

Disons que là, depuis quelques temps, je fais une pause.

Reculer pour mieux sauter.

Dimanche, première clope de la journée. À ma fenêtre. Trois brindilles. Ridicule.

Je ne vais pas passer le balai sur mon rebord de fenêtre (on ne peut pas exactement appeler ça un « balcon »…) pour trois brindilles, non ?

Brossage de dents, tranquille. Je reviens dans la cuisine me prendre un verre d’eau.

Et là, c’est le drame.

L’impression de m’être fait couillonner.

Il y a quelqu’un, là, ou quelque chose, une horrible petite chose sans cervelle et qui pue.

(Et je ne parle pas de moi.)

Une pigeonne.

Tranquille, pénarde, en train de fanfaronner sur les trois brindilles.

Elle me regarde, d’un air innocent, style « je n’ai rien fait, ce n’est pas moi ».

Elle me prend pour un pigeon, non ?

Je panique. Je pense à Greenpeace, ensuite je me dis qu’il n’y a qu’un rapport très lointain entre Greenpeace et ce que je veux penser, je pense donc à la WWF, à la SPA, à Brigitte Bardot.

Et pas dans ses années fastes.

J’ai envie de faire mon Rambo. Mon warrior. Mon Rambo Warrior. (d’où peut-être cette petite pensée pour Greenpeace).

Je pense à arrêter les jeux de mots pourris, ainsi que les feintes nulles sur les juifs, les noirs et les cathos.

Puis je pense tout simplement à empaler cette petite pigeonne de mes deux, à l’étrangler d’une main, à la noyer dans la cuvette des chiottes, à la dégommer au pistolet semi-automatique, à la griller au lance-flammes en faisant un cri comme « Rrrrrrrrrrrrrrhhhhhhhhhhhôôôôôôôôôaaargggggh ».

Après, je rangerais mon matos, puis, avec un peu de suie sur les mains et le visage, sentant un peu l’essence, je dirais un truc du genre « J’aime respirer l’odeur du napalm le matin ».

Clap de fin, générique, on prend une douche et on rentre au bercail.

Sauf que ça ne se passe pas comme ça.

C’est le fait de penser à Bardot. Ça m’a bloqué. Je suis resté là comme un con. « Un pigeon est un animal, tu es un animal » m’a glissé une petite voix dans ma tête, style condescendante, angélique, un peu coconne. La voix de la SNCF, non ?

Non.

Une voix qui sonne faux. La voix de la dame qui bassine tout le monde avec ses histoires de roulottes, de résurrection quand on t’a inscrit à l’insu de ton plein gré au catéchisme alors que toi, tu voulais simplement jouer au foot, non pas avec Bardot, mais avec tes potes.

Le peu que t’en as, il faut les conserver…

Alors je m’extasie devant ce pigeon : « Oh, il est mignon ! », comme Poelvoorde je deviens poète-poète (facile, celle là).

La petite voix me susurre : « Respect, paix et amour.

– Amen », je réponds.

Soudainement, Dieu m’a donné la foi dans le pigeon.

On va l’appeler Diya. « Petite lumière », en hindu.

Je suis trop balèze, pour accoucher de noms comme ça, tout d’un coup. N’hésitez pas à me demander pour votre gosse, faites moi confiance, si vous voulez qu’il passe une enfance pas trop malheureuse… parce qu’entre nous, c’est pire à l’adolescence.

Diya n’a que trois brindilles, elle vient d’arriver, mais elle s’installe. Pas de quoi en faire un lit. Le bourreau est en quête d’une rédemption mais il ne peut rien faire.

Et là, miracle, Marlowe arrive et dépose, une par une, des brindilles sur le rebord de la fenêtre. Diya les saisit et les dispose comme une chef. Une tradition millénaire, un peu comme les nanas qui s’amusent à faire des paniers en osier.

C’est peut-être con, un pigeon, mais ça sait faire un nid.

« Oh, il est mignon ! », je fais quand je vois Marlowe revenir avec une autre brindille.

Je vois une belle solidarité inter-pigeons, comme il n’en existe plus chez les humains.

La foi dans le pigeon.

Pourquoi Marlowe ? C’est une longue histoire… Le bourreau écoute Redemption Song de notre ami Bob (vous avez remarqué ? Bob est toujours notre ami), et il baptise Marlowe « Marlowe », une déformation de « Marley ».

Marlowe s’active à mort à amener tout un tas de brindilles pour que Diya fasse son nid. Le bourreau sait que l’accouchement est proche. Il veut immortaliser ça et va chercher son appareil photo numérique pourri dans le salon. Cette arnaque pourra bien faire une photo jolie, non ?

Non.

Je déboulonne dans la cuisine, le souffle court.

Mais c’est trop tard.

Diya a déjà accouché.

Je suis ému.

J’écoute Le Lac des Cygnes pour fêter ça.

Je pleure de joie.

Ma foi dans le pigeon est plus forte que tout.

Mais je sais au fond de moi que c’est maintenant que les emmerdes vont commencer.

Comme avec Marcelline.

L’an dernier, à la même époque, à peu près, Marcelline a débarqué. À l’époque, je l’ai laissée faire son nid. Au même endroit que Diya, d’ailleurs… ça doit être une place de choix.

Bref, Marcelline a fait son nid, elle a pondu deux œufs, les œufs ont éclos, et puis, je me souviens, c’était un jeudi, enfin à vendredi vers trois heures du matin, hop, un bruit assourdissant retentit dans la nuit.

Le lendemain, au réveil je constate que le nid est vide. Désespérément vide. Marcelline s’est cassée comme une voleuse, avec les deux gosses, et cette salope n’est plus jamais revenue, même pas pour me faire un petit coucou une fois de temps en temps.

Aucune gratitude. Par contre le nid, lui, est resté. Avec des coquilles d’œufs et de la merde partout. Et moi, comme un con, j’ai passé l’aspirateur dessus et j’ai tout dégueulassé.

Cette histoire n’est pas drôle et me traumatise encore aujourd’hui.

Là, je suis blindé, je sais que Diya, Marlowe et le petit ne sont pas amenés à rester. Je me prépare déjà psychologiquement à affronter leur départ, à coup d’anxiolytiques légers.

D’ailleurs, le petit, là, dans sa coquille bien au chaud contre les plumes de sa mère, comment on va l’appeler ?…

J’hésite entre « Pigeon », « John » et « No Name Yet ».

Lâchez vos comm’s pour choisir le nom du gosse !

Non ?

Non.

Réflexion matinale n° 4813

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Certains matins je le regarde tourner, comme un con, pendant une minute. Aujourd’hui, pendant que mon bol de lait se réchauffe dans le micro-ondes, je contemple le verso de la boîte de Quaker Oats.

On a la classe ou on l’a pas.

Et je me dis que la nana, là, à droite, c’est un fake. Dans son attitude, rien ne colle à ce qu’elle devrait être en train de faire, c’est à dire, tout simplement, manger des Quaker Oats.

Non, au lieu de ça, elle se retrouve avec un gueule de conne et un strabisme un brin divergent (doux euphémisme).

On dirait qu’elle a vu le loup. Un gros loup, alors. Ou un monstre genre Hulk.

Sur la boîte, toujours, il y a quelques astérisques. Des contre-indications?

Regardons ça de plus près: la première * précise: « dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée et d’un mode de vie sain ».

Ici, c’est mal barré. Dans ce grand foutoir, tout n’est que bordel, débauche et décadence.

Next.

La deuxième * (ou plutôt **) indique: « cahiers de nutrition et diététique, 2001, ISSN 0007-9960, vol. 36, n°I., pp56-68 ».

En gros, cultive toi un peu, toi qui n’a rien d’autre à foutre de tes journées que de bloquer sur le verso des boîtes de céréales, bouge tes fesses, va prendre l’air, direction la bibliothèque, et amuse toi à chercher ce putain de magazine.

Next.

J’ai la chanson d’hier soir dans la tête. Non 4 Blondes – What’s up. À ranger dans les catégories : « chanson culte de toute une génération (en y réfléchissant, ce n’était pas la mienne) » et « méga-gros tube d’un groupe dont on n’a jamais plus entendu parler ensuite ».

La chanson qui m’a aidé à tomber dans les bras de Morphée, à défaut de tomber dans ceux de quelqu’un d’autre. Je suis d’ailleurs persuadé que Morphée s’est étalée sur tout le long de mon lit King-Size parce que dans mon sommeil aucunement réparateur je me suis vraiment senti à l’étroit.

Next.

Non, en fait.

 

« and so I cry sometimes

when I’m lying in bed

just to get it all out

what’s in my head

and I am feeling a little peculiar

and so I wake in the morning

and I step outside
and I take a deep breath

and I get real high

and I scream at the top of my lungs

what’s going on ?

and I say. hey hey hey hey

I said hey. what’s going on ?»

Un Ohrwurm. Il faut que je pense à autre chose, sinon cette chanson va me poursuivre toute la journée.

Tiens, « Ohrwurm »… je ne sais pas quel est le mot en français. « Bourdonnement »? J’ai l’impression, en tout cas, que l’expression idoine dans la langue de Molière et de Patrick Sébastien n’a pas toute la force, toute la poésie qu’évoque le mot allemand. « Ohrwurm »: vers d’oreille. Pas mal, hein?

Next.

Le micro-ondes sonne, mon lait est prêt. Je me fais une sorte de porridge – alors là, non seulement le terme est dénué de force et de poésie, mais en plus je ne sais pas comment l’écrire.

Dans le lait je rajoute mes fuckin’ Quaker Oats ainsi que du chocolat en poudre Poulain 1848.

On a la classe ou on l’a pas.

Et au moins, ça va me tenir le ventre jusqu’à midi.

En Next je me fais du Ricoré.

Je regarde les boîtes: des idées recettes et les informations nutritionnelles.

Des astérisques aussi, mais très terre-à-terre. Pas du genre à partir en live comme celles de la boîte de Quaker Oats.

Next, je pense à ma boîte d’haricots blancs que je vais utiliser peut-être bientôt, pour nous faire un English Breakfast.

En Next, enfin, dans mon oreille, le tube de Non 4 Blondes est remplacé par les Red Hot, Aeroplane.

On a la classe ou on l’a pas.

avec les lumières éteintes, c’est moins dangereux

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Un brouillard glacé s’étale sur la ville. Je marche le long des quais, les feuilles mortes crissent sous mes pas. L’automne, la nuit. Direction chez-moi. Dans mes oreilles, Nirvana, Smell like Teen Spirit. Je brandis mon MP3, je veux passer à une autre chanson, celle-là me lasse trop, je respire profondément et j’abandonne l’idée. Je fais un effort, j’essaie d’écouter jusqu’à la fin. Kurt Cobain qui gueule, il ne l’aimait pas trop non plus. Une suite d’accords soi-disant trop simple, que je ne suis même pas capable d’assurer après deux mois de guitare, dix minutes par jour ( en comptant les cinq minutes que je passe à la contempler et à essayer de retrouver mon médiator dans mon bordel ).

 

With the lights out, it’s less dangerous
Here we are now, entertain us
I feel stupid and contagious
Here we are now, entertain us

Le rythme me berce jusque dans le métro, jusqu’à mon appart’ où je pose lourdement mon sac sur le canap’.

J’allume l’ordi. Les reflets de l’écran se diluent dans la noirceur de la pièce.

With the lights out, it’s less dangerous

 

Je dois faire quelque chose.

Je dois faire quelque chose. Mais quoi ?

Me trouver un défouloir.

Here we are now, entertain us.

 

C’était quand, la dernière fois ?

Un jour de printemps. Depuis, tout , à peu près tout, plus ou moins part en lambeaux.

À l’époque, mes textes sont publiés tous les jeudis sur un blog créé par des gars que je ne connais pas, que je n’ai jamais vus, une « armée d’écrivains ». Mes textes ? Mauvais, merdiques pour la plupart, je m’étonne de les voir encore en ligne aujourd’hui.

I feel stupid and contagious

En quelque sorte, avec le recul, ça me stimulait, ça me maintenait en vie intellectuellement.

Le projet est tombé à l’eau. Fractures, divergences entre grandes gueules. Pas la mienne, moi je n’ai pas eu mon mot à dire, je me suis retrouvé devant le fait accompli. Depuis, calme plat sur le clavier, brouillard dans la tête.

Je dois faire quelque chose.

Un blog.

Reprendre là où ça s’est arrêté.

Un blog. Faut lui trouver un nom.

Un blog. C’est nul, ça sert à rien.

C’est stupide.

Un blog, son essence réside uniquement dans sa diffusion. Sa propagation. Effets viraux.

C’est contagieux.

Un blog.

Un défouloir.