Archives de catégorie : Le Coin de Ben Howl

Allez, on va au p’tit coin!

Le concert des Pixies au Paradiso

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Amsterdam la cité des anges…

Ah ! On me dit dans l’oreillette que c’est pas exactement ça…

Le long des berges mortes on est venus des quatre coins du monde – Candy, Marla et moi – pour se retrouver à Amsterdam où les Pixies se donnent en concert CE SOIR.

Marla a pas réussi à choper une place pour elle – mais au moins elle peut passer un week-end avec sa sœur – ce qui est, par les temps qui courent, un événement en soi inestimable.

Le Paradiso – certainement une ancienne église réformiste ou un truc de ce genre – transformée en salle de concert. L’acoustique doit être pas mal je suppose.

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Ça me fait penser à la fois où je suis rentré dans une église à Amsterdam – la dernière fois que j’y suis allé, avec Élodie. À l’entrée il y avait écrit « Café gratuit à la fin de l’office » alors on a débarqué sans prévenir – un culte anglican, tout le monde chantait des airs gospel, tout le monde joyeux et accueillant et le prêtre en kilt. Quand tout a été terminé, on nous a filé des tasses de café – pas fameux mais j’en ai pris deux ou trois fois – attends, normal : il était gratuit. On nous a même demandé si on voulait manger avec les gens de la paroisse mais quand même, fallait pas pousser le bouchon…

Candy et moi on attend une heure sur les marches du parvis – à mâcher des Malabar en rigolant. Un gars nous tient compagnie – il nous parle des précédents concerts auxquels il a assisté au Paradiso.

On se place dans la fosse au premier rang pour tout voir du concert. On est même devant les photographes qui essaient de nous piétiner pour avoir leur plus beau cliché.

Le stand de bières est pas loin non plus – un peu en retrait sur la gauche.

En première partie – un groupe dont on sait pas le nom. Ça passe… mais on s’extasie pas devant eux on est pas venus pour ça. On est venus pour voir les PIXIES

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Et les voilà justement qui débarquent sur scène.

Hell Yeah !

Sans Kim Deal qui est passée au Paradiso il y a pas longtemps avec son propre groupe – les Breeders.

Mais toujours avec l’amour vache du public qui les caractérise.

Pas de bonjour, aucun mot entre les morceaux. Ils les alternent presque sans aucune pause.

Des vitraux derrière la scène. Des prêcheurs, des envoyés de Dieu.

Des envoyés du Dieu du rock alternatif.

L’acoustique ? Le seul regret : du premier rang on entend pas trop la voix de Black Francis.

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Au niveau de la bière, le seul regret : c’est de la Heineken et puis c’est tout.

Les chansons défilent sous nos yeux ébahis – putain on est juste devant Joey Santiago quoi !

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La salle affiche complet. Du premier rang je me retourne et je vois la foule en délire – dans tous les sens les gens sont déchaînés ils sautent partout. Des pogos en pagaille. Pour nous le but consiste à pas se faire écraser contre le bord de l’estrade. Planet of Sound.

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Les Pixies ont vieilli – et leur public aussi. Les pogos sont finalement tout timides comme si les gens avaient peur de se casser un ongle ou de se froisser un muscle. Allez du nerf les enfants !

Here comes your Man . Il fait chaud très chaud des jets de transpiration des corps qui se mélangent. Au bout d’un moment je fixe Candy des yeux. Je vais sombrer alleeeez ouais je sombre c’est pas tout les jours que l’occasion se présente et je me jette en arrière je me fais absorber par ces rangées ces armées de bras emporté par la foule je nage nage et je ressors la tête de cette masse humaine qui sent la Heineken en gueulant YOU NEVER WAIIIIT SO LOOOOONG !!!!

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Puis une chanson plus calme et on relâche la pression.

Avant d’attaquer la foule de nouveau. Debaser

Et pour l’instant, aucune de mes chansons préférées – Gouge Away, Caribou et surtout, évidemment, Where is my Mind.

Rappel.

Du premier rang on voit la songlist aux pieds de Black Francis et de Joey Santiago.

Ils vont faire un deuxième rappel. C’est obligé. Et ils vont clore le concert par Where is my Mind.

C’est écrit.

C’est écrit WHERE en majuscules tout comme c’était écrit WAVE pour Wave of Mutilation.

Voilà. Les Pixies se cassent. Ils vont revenir interpréter l’hymne de toute une génération.

Les techs font à nouveau les balances.

Puis soudain l’un d’eux fait un geste de décapitation. C’est fini.

Les bâtards vont partir comme des voleurs alors qu’il leur reste LA chanson à jouer.

Dans le public des gens déchaînés s’emparent du micro pour le péter. L’ingé intervient ! « C’est eux bordel ! C’est pas nous ! Laissez le matos tranquille, c’est sur eux qu’il faut taper. »

Candy et moi on finit notre bière tiède et on repart bredouille – rejoindre Marla quelque part dans le Quartier Rouge. Les Pixies vont peut-être aller se coucher – notre nuit à nous ne fait que commencer.

Dans la Vie

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La Vie

comme on dit

c’est comme une boîte de chocolats :

on sait jamais sur quoi on va tomber.

Et hier c’est sur Lydia que je suis tombé.

Ses cheveux, son show – tout en elle m’a scotché.

La charmante, la coquine Lydia…

Qui ferait taire toutes les bombes du monde

qui ferait baisser tous les fusils d’assaut

en dandinant du cul.

Dans la Vie il fait très chaud –

toujours.

Et humide.

Saleté de clim de merde

qui marche une nuit sur deux.

Dans la Vie la boîte de chocolat

que j’ai ramenée pour Lydia

fond. Inexorablement.

Comme une merde.

Dans la Vie Lydia aurait voulu être prof.

Ou infirmière.

Dans la Vie dans le fond dans le noir

tout le monde est pareil

on a que nos yeux pour voir

et nos mains pour toucher.

Dans la Vie dans la nuit

toutes les chattes ne sont pas grises.

Celle de Lydia est délicieuse.

Elle crépite sous les projecteurs

stroboscopiques

et inonde nos yeux

à en pleurer.

Dans la Vie

néons lumières brutales

ombres fatales

barres en métal

Dans la Vie

spectacle tour à tour

lascif

lancinant

vrombissant

modeste

enjoué

flamboyant.

Dans la Vie

je caresse le Divin

et la boîte de chocolats fond sur mes genoux.

Dans la Vie

au petit jour

la fête est finie

on remballe tout

Lydia est partie depuis longtemps

avec un client

dans l’arrière salle.

Cabines privées

mieux climatisées

aux spots tamisés

Dans la Vie

c’est pas aujourd’hui encore

que je pourrai lui offrir

ma boîte de chocolats

Dans la Vie – le Stripclub de la Warmoesstraat.

Warmoesstraat - Amsterdam

Warmoesstraat – Amsterdam

Un vendredi soir au Dynamo

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« Allez on y va Ben ! » lance la sweet Candy Sweet.

OK – Quand faut y aller faut y aller ! – je lève mes fesses du lit où je me suis vautré je me prépare fissa et on court dans les couloirs de l’immeuble. On essaie de chopper le bus de nuit mais quand on arrive à l’arrêt on le voit s’échapper. Sans nous. La lose. Alors on s’embarque à deux sur le vélo – sans lumières, sans réflecteurs – dans la nuit finlandaise on trace. Montées descentes on traverse la nationale à toute berzingue. Destination : le Dynamo. Une boîtes de nuit alternative ici – à Turku.

TurkuÅbo, son ancien nom suédois.

On est des Åborigènes et on a peur de rien.

Le Dynamo – un ancien cinéma de quartier – quatre salles – reconverti en discothèque.

Ce soir comme tous les troisièmes vendredis du mois – concert.

Un ancien cinéma et l’entrée coûte aussi cher qu’une place de ciné justement.

Hors de question de mettre mon manteau aux vestiaires – le prix est dissuasif. Mon manteau je vais le poser là sur le canap’ personne pensera à le voler. Une doudoune de mémé en faux poils trouvée dans une boutique de seconde main – achetée moins cher que l’entrée au Dynamo – qui fait parfois office de manteau de pirate sur le retour – et qui tient chaud surtout – parce que moi comme un con j’ai emporté mes vêtements d’été en oubliant qu’en règle générale plus tu t’approches du Pôle Nord et de l’Hiver plus tu te gèles les miches – réchauffement climatique mon cul !

Avec ma doudoune et ma démarche… chaloupée je ressemble à un mac.

Les bières aussi sont hors de prix – heureusement la mémé maquerelle a de grandes poches et dedans quelques canettes en rab pour nous ravitailler quand il se fera soif. Faut juste savoir s’y prendre pour faire ça discretos.

Le concert – y’a pas foule autour de la scène – Whaou ! Ça s’est du rock fort ! Ça bouge ça pulse ça sature ça larsen ça bat bat bat dans tous les sens. Pourtant le public reste stoïque. Des statuts. Hey les gars faut se réveiller là ! Hop hop hop la semaine est finie c’est le week-end alleeeeeez on se sort les doigts du cul, là, et plus vite que ça !

Le temps de décapsuler ma bière et je suis à toi sweety – viens rapproche toi qu’on se fasse un pogo survolté. Chocs frontaux jambes pliées PRENDS GAAAARDE !!! Coups d’épaule et dommages collatéraux « Fais gaffe ! » fait Candy. « Ouais sweetheart t’inquiète j’ai pas oublié je vais pas le fracturer une seconde fois, ton bras! »

Lumières nordiques. Bleues nuit puis rouges carmin – soleil incandescent. Crépustulaire.

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Le groupe : « We’re Hell’s Horses and we are from New-York !

– Ah bah ! New-York » je chuchote à l’oreille maintes fois piercée de la Candy, « Tu m’étonnes qu’y soient dézingués comme ça ! »

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Le mec, là, qui chante et qui gueule – chemise pâle à motifs. Jean noir slim un peu poussiéreux sous les genoux. Il ressemble au Professeur Rogue dans Harry Potter.

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La bassiste – toutes de flammes vêtue. Et un corset pour tenir ses poumons qu’on dirait sorti tout droit de Beate Uhse. Je la soupçonne d’avoir la même coiffeuse-maquilleuse que Blondie.

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Mais quand elle tient les cordes – crispées – quand elles rugissent – je comprends qu’il faut éviter les remarques désobligeantes.

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Je bloque un temps sur leurs godasses. Des talons hauts pour Madame, des Creepers en damiers pour Monsieur.

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Et Blondie et Rogue seraient rien sans leur batteur qui se déchaîne là sur ses cymbales et sa grosse caisse – il ressemble à mon ami Bill. C’est frappant. Tiens du coup je l’appelle, Bill. Je veux lui faire partager ce son – parfois haché à la Led Zeppelin, parfois criant à la AC/DC – et parfois même planant-flottant, atmosphérique à la Pink Floyd. Mais soit pas de réseau ici, soit Bill le salaud me raccroche au nez – de toute façon il doit rien entendre ici – avec le tumulte ambiant…

Même pas une demie-heure qu’on est arrivés au Dynamo et déjà les dernières notes. Candy : « C’est nul y’a même pas de rappel.

– Bah généralement y’a pas de rappel pour les premières parties.

– Mais c’est pas la première partie… »

Ah merde… Les Hell’s Horses remballent leur matos on se console en rejoignant les statues qui bougent enfin pour s’accouder sur le zinc.

« Tiens, goûte moi ça ! » Candy sweety m’invite à boire un verre.

« C’est quoi ? » je demande – sans méfiance : ce soir je serais même capable de boire la cigüe.

« Du Salmiakki – une spécialité d’ici. »

Une sorte de liqueur de réglisse trop bizarre et écœurante. « Kippis ! » – Hop – cul sec – une grimace de dégoût, un petit cri de victoire – et on repart danser on continue notre folle épopée dans la longue nuit Turku-oise.

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Tombé dans ma tombe

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C’est comme ça que l’histoire commence. C’est le Père Lachaise qui rencontre la Mère Lefauteuil.

Soupir.

Non – blague nulle. J’y peux rien, j’essaie toujours de détendre l’atmosphère – surtout dans les moments pas faciles comme celui-là.

Soupir.

En vrai je sais pas trop comment l’histoire commence. Mais je sais où elle se finit. Ici, sous cette pierre grise, perdue au milieu de toutes les allées du Père Lachaise par un matin de printemps pluvieux comme Paris sait si bien les cracher. La procession vient de s’achever. Je vois de mon maigre piédestal des tas de gueules tristes emmitouflées dans leurs mouchoirs détrempés. Musique d’ambiance – morbide et vaine – ça se prête à l’occasion, OK – mais c’est pas celle que j’avais prévue. Je voyais plus un truc de ce genre – mais bon, on choisit pas sa musique d’enterrement – on choisit pas de mourir non plus, tu me diras. Surtout à notre âge. Enterré là à l’ombre de nos 17 ans.

Soupir.

Des oiseaux piaillent dans les cimes des bouleaux. J’ai envie de leur clouer le bec. Il vont pas me gonfler éternellement j’espère.

Soupir.

J’aurais aimé qu’on disperse mes cendres aux quatre vents. Il paraît qu’on a plus le droit – enfin c’est vachement réglementé. Je me demande si des lois aussi connes existent là où je sombre petit à petit.

Soupir.

Impression d’être enterré vivant – il fait chaud ici – et ça grouille de vers – odeur putride. Rien ne se perd rien ne crée tout se transforme – j’étouffe un cri munchien.

Soupir.

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Pas mal, l’épitaphe, hein ? Ça en bouche un coin… C’est ma mère qui a eu l’idée – inconsolable, ma mère – j’ai failli ne pas la reconnaître parmi la foule – le visage défiguré – une vraie fontaine Wallace – j’aurais jamais cru de ma vie qu’on pouvait pleurer à en faire déborder des fleuves comme ça…

Souupir.

Bon, pareil… J’ai pas eu mon mot à dire. À vrai dire, le texte, je trouve ça un peu gnan-gnan, limite cucul. J’aurais bien aimé un truc un peu plus rock. Du genre ΚΑΤΑ ΤΟΝ ΔΑΙΜΟΝΑ ΕΑΥΤΟΥ – « fidèle à son propre démon » – une épitaphe apposée sur la tombe de Jim Morrison à quelques petites dizaines de mètres de moi.

Soupir.

Ou bien DON’T TRY – ah elle est pas mal celle là – sur la pierre tombale de Bukowski – pour retirer toute intention à ses visiteurs admirateurs de venir pisser dessus.

Soupir.

Bon… c’est pas que je me fais chier, mais faut que j’y aille. On m’appelle, là haut.

« Je me suis bien amusé. Au revoir et merci. »

Dernier soupir.

Dans les métros

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Tous les matins

TOUS les matins

TOUS LES MATINS

de la semaine

(après avoir fermé la porte)

je prends le métro

pour aller au boulot

et je sais que

quand je prends ce métro

à cette heure précise

pas le prochain pas celui d’avant

je vais être en retard au boulot

je le sais mais je prends

quand même ce métro parce que

je vois cette fille

les lundi mardi jeudi

assise toujours à la même place

cette fille aux cheveux rasés

qui ressemble à Linda Hardy

ouais ouais la Miss France

dans Immortel Ad Vitam

– elle a les yeux bleus

bleus bien profond

et la peau tannée

j’aimerais bien l’inviter à boire un verre

mais j’ai jamais osé

sauf une fois

un vendredi

j’ai préparé un papier

et un stylo

pour lui filer

mon numéro

drague à deux balles

mais des fois ça marche…

Forcément elle était pas là.

Aujourd’hui comme d’habitude

elle descend à la gare

je poursuis quelques stations

en rêvassant

ma vie avec elle un chien et un jardin

et je retourne à ma lecture.

J’ai pas mon MP3

– ça se dit encore, ça – « MP3 » ? –

écouteurs pétés.

Seuls les bruits des moteurs du rail

– accélération – décélération –

la petite voix automatique

de femme qui annonce les arrêts

– le bruit des gens qui vont et qui viennent

– qui parlent – les bruits de la vie toute rassemblée

dans cette boîte à sardines.

Aujourd’hui les voix se sont tues

et le métro est affreusement désert.

À un endroit le métro sort de sous la terre

ciel du matin

lumières aveuglantes qui éclatent sur ma gueule

et cristallisent ma rétine

au dessus du périph’

je pense aux métros surélevés

de Berlin – U-Bahnlinie 1

Oberbaumbrücke

le pont où l’Ouest et l’Est se rejoignent

le pont – où « Lola rennt »

Uberlin

Le métro de Paris – ligne 2

Stalingrad vers le bassin de la Villette

de New-York – The J line

où on a parlé de désir et d’amour

face au Salem Fields Cemetery.

New-York encore line 7

vue de dessous sur Jackson Avenue

Le subway, un building et un Diner

Image typiquement new-yorkaise

près de Five Pointz

DSC03581

Au dessus du périph’

je regardais la route

la ligne droite je sens

l’odeur du macadam

et mes semelles qui collent au bitume.

Depuis quelques temps c’est là haut que ça se passe

c’est ce ciel que je fixe

« Qu’est ce que tu veux faire plus tard ? »

j’avais demandé à Moéa

– rencontre feutrée dans les

lumières tamisées d’un bar à rhum

Et elle a bien compris, Moéa

ce que j’entendais par « plus tard »

Car elle tout de go de répondre

« Avant de mourir je voudrais faire du parachute. »

Wow ! Du parachute.

Je m’imagine

parachuté dans ce ciel qui m’éblouit.

La porte, bordel!

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Tous les matins
TOUS les matins
TOUS LES MATINS

de la semaine

avant de prendre le métro

pour aller au boulot

– je vais être à la bourre

tout est prêt ?

CHECK:

– fenêtre du salon

FERMÉE

– lumière des WC

ÉTEINTE

– lumière de la salle de bain

(TOUJOURS…) PAS DE LUMIÈRE

(depuis des lustres)

(ceci dit c’est bon, j’ai éteint la bougie)

– fenêtre de la cuisine

FERMÉE

– plaques chauffantes

ÉTEINTES

(de toute façon ça fait longtemps que je

ne les utilise plus le matin

de peur de les laisser allumées toute la journée)

Tout ça – je le vérifie

au moins deux fois.

Juste avant d’y aller

je choppe une pomme

la dernière du panier à fruits

mon petit déjeuner

sur le chemin jusqu’au métro

je la coince dans ma gueule

comme une balle ramenée par un

berger allemand

et je ferme la porte.

Dans les escaliers de l’immeuble

deux étages plus bas

parfois au rez-de-chaussée

parfois aussi dans la rue

et une fois même

dans le métro

où j’ai dû faire demi-tour

– c’est là que ça se déclenche :

EST-CE QUE J’AI BIEN FERMÉ MA PORTE À CLÉ

?

ma porte d entree

 

C’est un truc

comme une pression dans mon crâne

dans les méandres de mon cerveau

un coup de flip

qui me hante

qui m’obsède

– un TOC

ou un TIC

je sais plus

– un truc

stupide

et contagieux

– le geste est tellement devenu un réflexe

que t’es même plus sûr de l’avoir fait.

« Évidemment qu’elle est fermée, ta porte !

– Mmm t’es sûr ?

– Non »

Souvent je me rassure : « Oui oui c’est bon… »

mais le doute met longtemps à se dissiper

et j’ai comme un trou d’air

ça m’angoisse

me trotte dans la tête

jusqu’à la station de métro

Pour me convaincre que c’est OK,

pas besoin de vérifier

je me dis même :

« Il y a rien à voler chez toi de toute façon.

Et tu crois que les voleurs vont s’amuser

à aller dans TON immeuble

et à gravir TOUS CES ÉTAGES

pour voler quoi ?

Un ordi, une guitare et un paquet de cacahuètes ?! »

Parfois je succombe –

je remonte à mon étage

pour vérifier

– évidemment qu’elle est fermée, ma porte ! »

et quand je redescends

BIM – ça ne manque pas :

EST-CE QUE J’AI BIEN REFERMÉ MA PORTE À CLÉ

QUAND J’AI VÉRIFIÉ QU’ELLE ÉTAIT FERMÉE

?

Le scorbut et le rheunar

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  • C’est quoi ça ?
  • Quoi quoi ?
  • ÇA ! Le mot que tu viens de mettre ! S.C.O.R.B.U.T…
  • Ça, c’est « scorbut », pourquoi ?
  • Ouais, je vois bien, mais je te demande ce que c’est. T’es sûre que ça existe ?
  • Oui, bien sûr. Le scorbut c’est un genre de maladie…
  • OK. J’en ai jamais entendu parler avant. Alors si tu me claques un mot compte-triple que tu viens d’inventer…
  • Tu m’accuses de tricheuse ? Écoute, bien sûr que ça existe.
  • Si c’est une maladie, la prochaine fois je n’aurais qu’à placer « herpès » ou « syphilis », au moins on connaît toutes les deux. C’est quoi les symptômes ?
  • J’en sais rien. Je crois bien que c’était une maladie que les gars avaient dans les bateaux quand ils faisaient le tour du monde.
  • C’est pas le scorbut, ça. C’est la chiasse. Ou le mal de mer. Et puis, ils avaient qu’à prendre l’avion : ils n’étaient pas certains d’arriver à bon port, mais au moins ça leur aurait éviter tous ces problèmes.
  • Je te parle d’avant, quand les avions n’existaient pas, même pas en rêve.
  • D’accord, mais si tu utilises des mots dont tu ne connais même pas la signification…
  • Aucune règle ne l’interdit, non ?
  • Non, et pour le coup, c’est bien dommage. Tu vas gagner la partie avec un mot qui ne figure même pas dans ton vocabulaire, qui est, au final, assez limité au quotidien,
  • Fous moi la paix… Si tu ne me crois pas, regarde dans le dictionnaire, il est fait pour ça, il t’attend, il t’appelle même !
  • Non, c’est bon, ça ira.
  • À ton tour.
  • Ouais, je sais… Je réfléchis seulement à ce que je vais placer… Voyons voir… C’est bon !
  • R.H.E.U.N.A.R . Rheunar ? Renard ? C’est pas comme ça que ça s’écrit.
  • Mais si !
  • Non, je te dis.
  • OK, j’avoue. MAINTENANT, c’est pas comme ça que ça s’écrit, mais avant, genre au temps de Louis XIV, ça s’écrivait comme ça.
  • J’en suis pas persuadée.
  • À ton tour de vérifier dans le dico, alors !
  • Non, c’est bon.
  • Ah, tu vois ! Tu me crois ! Et si tu me demandes ce que c’est, je te dirais que c’est un animal préhistorique, ancêtre du renard actuel. Il avait des griffes et des écailles.
  • Arrête de te foutre de moi.
  • Je ne me fous pas de toi. L’évolution, tu connais ? Eh ben le rheunar, c’était un dinosaure, tu vois, il mesurait trois mètres de haut et il avait un estomac tellement solide qu’il pouvait bouffer des cactus toute la journée sans choper le scorbut.
  • C’est ça, et ma mère c’est la reine d’Angleterre.
  • Peut-être. Tu sais, on a jamais osé faire des tests génétiques, et vu la réputation de queutard de ton père…
  • Ta gueule ! T’as pas le droit de dire ça.
  • Ta gueule toi-même, d’abord. Aujourd’hui, j’ai comme l’impression qu’on peut tout dire. Regarde, toi, tu places bien « scorbut » et tu rafles cinquante points + mot compte-triple. Je me doute que ce mot est dans le dico, et je m’en fous. Moi, ce que je veux te faire comprendre, c’est qu’on a pas besoin de dictionnaire, de règles, de normes. « Un sens pour chaque mot, pour chaque chose qu’on fait » bla bla bla. À partir du moment où on se comprend l’un l’autre, plus rien n’est important. Tu comprends ?
  • Je crois que je saisis, ouais. Je pense que cette idée m’a traversé l’esprit un jour, en cours de philo…
  • T’aurais dû plus écouter… Bref, c’est ton tour, maintenant.
  • OK, je pioche…. Ah, c’est bien, ça. Hop!
  • Z.J.K.U.F.R.A… Mais ça ne veut RIEN dire !
  • Je sais, c’est le but. Tu l’as dit toi-même : on a pas besoin de dictionnaire. Et en plus, je mène de nouveau la partie.

Publié originellement ici

Trempés jusqu’aux…

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À cette époque période The Big Lebowski – je bois des White Russians et je traîne souvent du côté des bars et des clubs de la petite rue qui descend vers le centre-ville historique – dans ce bar au parquet cramoisi – miteux crado et mal éclairé – un repère de gangsters et de vieux rockers éternellement sur le retour – ils font des bons White Russians bien dosés et le barman est sympa. Y’m’fait marrer – c’est le coloc d’une pote – chez eux ils ont récupéré des sièges de ciné en guise de fauteuils dans le salon – à 36 balais le mec à la ramasse toujours étudiant en je-sais-pas-combientième-année de je-sais-pas-quoi – lui non plus j’crois y’sait pas quoi. Je m’enfile un verre bien glacé – y m’reste du lait du côté de ma moustache et la fille au bar me regarde chelou parmi les volutes de fumée et le relent de tabac froid et la flagrance masculino-porcine de vieux gars bourrés – et de la bonne musique en fond sonore – maintenant Lou Reed – Take a Walk on the Wild Side – et ses épaules font tou toudou toudou toudou-tou tou toudou toudou…

Qu’est-ce qu’elle m’veut ? Qu’est-ce qu’elle fout là – parmi tous ces dingos ces trouducs qui essaient même pas de la draguer ? Son regard de braise m’invite à venir jusqu’au tabouret à côté d’elle.

J’m’approche de la rouquine j’lui sors le grand jeu « Moi c’est Joe… » – j’lui paie un double scotch et ça lui délie la langue – je la branche – palabres palabres voix roque à force de trop gueuler – faut dire qu’on s’entend à peine avec toute cette musique qui fait trembler le comptoir. Elle met souvent la main dans ses cheveux bouclés – ses ongles ses lèvres sa robe – rouges – la Femme Fatale – le visage effilé le nez aquilin et les bretelles de sa robe qui glissent. J’lui donne de quoi raconter des trucs vaselineux que j’me souviens pas – j’suis bercé par son fort accent russe – elle lâche qu’elle vient de Omsk –  « За здоровье ! » je lance en lui repayant son verre et elle me remercie en m’agrippant le bras quand j’lui dis que j’me casse j’en ai ma dose de ce cloaque puant. « Tu m’emmènes chez toi pour un dernier verre ? »

Si tu veux bébé.

En sortant du bar  j’retrouve l’avenue j’habite à l’autre bout la rouquine qui me met les glandes en émoi me suit. L’avenue que je fais tous les quatre matins l’esprit évaporé. Elle s’arrête une clope au bec elle essaie de l’allumer mais il drache tellement que sa clope mouillée pend du bec. Elle s’voit obligée de la jeter et je vois le filtre rouge-à-lèvres mariner dans une flaque d’eau et finir sa course dans une grille d’égout.

Faut dire qu’y flotte à mort un vrai déluge tropical une pluie chaude de juin qui sous ce ciel en furie pénètre tout – mon t-shirt XXL est une vraie loque et j’te parle même pas de mes pompes en carton-pâte. Mais elle malgré la douche toujours aussi sexy quand les phares des bagnoles la zieutent – sa robe qui lui colle les fesses et l’air toujours digne elle marche bien droite nickel – la Russe rousse. On se trimbale bras dessus – bras dessous – la grande Classe avec un « C » majuscule – j’suis un homme fin moi.

Quelle beauté… Quelle perle… qui hésite pas avec ses pointes à m’écraser deux trois fois mes pompes usées – la fameuse Loi du Talon.

Faut dire qu’avec le recul l’avenue est une vraie piscine les voitures glissent nous on s’y loupe pas et qu’on a vraiment l’air de deux ploucs – mais sur l’moment j’te jure ça donne vraiment l’air qu’on prend une douche tout habillés au clair de lune. Et ça drache ça drache ça finit pas.

Au moins ça nous divertit pas besoin de parler. On arrive tout trempés chez moi ma chambre de bonne dans l’arrière cour sept étages à grimper et elle toujours classe avec ses cheveux de feux et ses hauts-talons – et BIENVENUE Madame dans mon HOME SWEET HOME ! – tout juste sortis du naufrage du Titanic.

Mouais faut sécher les vêtements pas d’autre solution que de se désaper, nan ? Tu veux une bière ? Serre toi dans le frigo. Pendant c’temps moi j’imagine le topo – et j’vais pas y aller par l’autre bout de la cuillère j’te l’garantis ! Voilà on se fout à poil et ensuite – ensuite quoi ? Tu sais très bien comment ça va s’finir tout ça… – ensuite y faut bien faire ce que deux êtres humains un minimum consentants font dans ces moments là tu crois pas ?

Silence – à part la pluie qui crépite là dehors par la fenêtre.

Dans le lavabo j’essore mon t-shirt – Guns N’Roses 1992 à Vincennes – un t-shirt collector mec ! – pendant qu’elle se déshabille – jeu d’ombre et de lumière.

« Brr » je fais « on est trempés jusqu’aux couilles !

– D’ailleurs passe moi une serviette – faut que j’me les sèche. »

– dit le trans sibérien.

Le jour où la nuit brûle – partie 3

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Nous revoilà Bill et moi – votre illustre conteur B.Howl – pour cet ultime épisode – repartis dans la nuit après le parc et les rives du canal – maintenant je veux emmener l’autre coyote dans un autre parc – le parc aux grilles rouges où je fais de temps à autres, en été, de délicieux pique-niques dans l’herbe fraîche. On se dandine sur les trottoirs du vieux quartier – le quartier chic maintenant – il y a vingt ans un vrai taudis entre les dingues et les paumés les putes et les camés quand la pipe s’évaluait encore en francs et quand l’héro était moins coupée – trottoirs couverts d’aiguilles et de capotes de fortune. Les temps ont changé – le présent c’est maintenant et soudain dans cette rue remplie de bars Bill stoppe net – à l’affût des boum boum de la musique et du bruit. On entre dans un bar gay et lesbien et rien à foutre on commence à se déchaîner parce que ce son qui nous vrille les tympans c’est juste qu’on en a besoin là maintenant. Quelques minutes plus tard en dansant sans faire exprès je bouscule quelqu’un. Je me retourne dis pardon le mec a un billet de vingt entre les mains. Le barman. Il nous fixe des yeux : « Faut consommer maintenant. » C’est pas ce qu’on a prévu alors on prend nos affaires et on se casse de là sans rechigner.

En marchant « Tu sais Bill, un jour j’ai eu une vision. Faire le tour du monde avec toi. Je nous ai vu marcher le long des chemins. Ton côté mystique. Chamane. Je nous voyais vagabonder près des églises orthodoxes bourlinguer sur les rives du Gange nous deux à la recherche ultime du Dharma. J’ai voulu t’en parler mais ce jour là quand je t’ai appelé tu étais occupé. Et puis depuis j’ai jamais osé discuter de ça avec toi… » Tu me réponds sans hésiter : « Non mec, c’est pas dans mes plans. » Message reçu – le rêve était plaisant en tout cas.

On arrive vers la place devant les terrasses bondées des restos qui se veulent chics mais où la bouffe est dégueu – des pièges à touristes. Et au milieu des gens avec des guitares un accordéon et un djembé. On se joint à eux tout naturellement. Bill déballe pas sa gratte il observe note contemple. Moi je veux faire du tssi-tssi mais avant que je retrouve la petite bête au fond de mon sac les musicos sont sur le point de se barrer. Cinq minutes avant ils s’exclamaient : « Vous voulez nous suivre ? » et là ils se taillent et nous ignorent. Classique. Encore une fois restez, côtoyez nous mais pas trop – après on risque de se mélanger et ça craint. Et encore une fois on reprend notre chemin – éclairé par la nuit qu’on veut percer. On passe dans une rue piétonne et commerçante. À cette heure là elle est vide mais les enseignes clignotent encore. Bill appelle une pote et s’éloigne un peu de moi. Une pote qui arrive pas à expliquer ce qu’il lui arrive – elle vient de tomber amoureuse. Leur conversation dure huit minutes. Moi ça me dérange pas je m’en fous mais je commence mine de rien à sentir la fatigue et finalement j’ai pas envie d’aller traîner au parc aux grilles rouges – en plus il doit être fermé à cette heure ci. Je veux aller dans mon bistrot préféré mais quand Bill raccroche au téléphone il est pas motivé. « Alors on rentre chez moi ? » « Ouais. »

On baisse les bras – mais vaut mieux – la nuit en a encore pour un bout de temps avant de se faire jour mais c’est pas du dépit et ça veut pas dire qu’on a abandonné. On a percé la nuit ouais – d’aussi loin qu’on pouvait. Camille  – Double Merlu et leur bande – le serveur du bar pas sympa – les musicos près de la place – ça fait déjà une bonne plâtrée de noctambules… On remettra ça une autre fois quand j’aurai de nouveau le plaisir d’héberger l’ami Bill. « C’est trop fort B.Howl comment tu abordes les gens… Jamais je ferais ça tout seul. » « Moi non plus Bill – c’est parce que je suis avec toi. ». Dans les cinq cent derniers mètres qui séparent la nuit de la ville à mon chez-moi on croise un gars qui me taxe une clope. « Flo » il dit qu’il s’appelle il a l’air un peu défoncé. Bill s’étonne : « Pourquoi tu portes une étoile de David comme pendentif ? » Flo : « Ah ! La croix ? » « Ouais… Enfin l’étoile… » « Bah je sais pas ce que ça représente. C’est juste un pote qui me l’a donné une fois – et je la porte depuis qu’il est mort. » Bill lui explique ce que ça signifie. Il est très intéressé par les religions et la spiritualité, Bill – très mystique aussi: « Ça représente deux triangles inversés qui s’imbrique l’un à l’autre. Fusion de l’univers visible et de l’univers invisible. » Flo se sent un peu gêné un peu inculte mais il écoute avec attention. Faut pas être gêné on est toujours l’inculte de quelqu’un. Et ce qui compte c’est d’être curieux de tout. On s’assoit sur le trottoir à côté des pipis de chiens et on discute. On parle de karma, de bouquins et d’expériences sensorielles de hasard-qui-n’existe-pas et de vies après la mort. Et on parle de bonheur – aussi. Tout à fait le genre de conversations que peuvent avoir quelques oiseaux de passage flamboyants à une heure avancée de la nuit. Le présent c’est maintenant. Et on quitte Flo qui doit rejoindre ses potes et chacun de nous repart en ayant appris des trucs. Une fois arrivés chez moi je tire la nuit comme un rideau et je repars la brûler – les paupières closes, rêve-éveillé.

 

Le jour où la nuit brûle – partie 2

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Et là sans transition nous voilà Bill et moi en chemin direction le canal où la nuit s’offre à nous pour de nouvelles aventures. En marchant je reçois un SMS de Camille – ravie d’avoir vue Bill et de lui avoir parlé. J’avais pas remarqué qu’ils s’étaient échangés quelques mots – à ce moment là j’étais sûrement en train de mettre nos quelques déchets dans une poubelle. « Vous avez discuté de quoi Camille et toi ? » je demande. « De ses études », il me répond. Camille est en stage de fin d’études – une période charnière – et elle traîne des tas de questions derrière elle – la plus importante devant être « Qu’est-ce que je fais APRÈS ? » . Camille… – elle se pose toujours beaucoup de questions. Et Bill aussi – et il écoute aussi. Au canal y’a plein de monde sur les berges – à tel point que je sais pas on va se mettre pour continuer notre délicieux délire nocturne. On marche on avance parmi les gens – et on se fait accoster par deux gars. Y’en a un qui s’appelle « Double » – surnom trop chelou – parce que de multiples déformations de son nom – que j’ai pas du tout retenu – ont donné au fil des âges « Brou » puis « Brou Brou » puis « Double Brou » et enfin « Double ». Hyper-logique et encore plus compliqué que les pirouettes pyrotechno-lexicales qui ont donné « B.Howl ». Son compagnon de fortune s’appelle Merlu – parce que son prénom à lui c’est Colin. Ils traînent là avec leur bande de potes – ils picolent de la vodka dans des bouteilles de Volvic avec leur BMX et leur radio ils écoutent du reggae et du dubstep. Ça me rappelle une nuit de grand n’importe quoi avec Camille justement où on a fini au Batofar sur les bords de Seine – pour une grosse soirée dubstep jusqu’au petit matin avec du son qui pulsait pulsait des basses qui bourrinaient bourrinaient – à en faire trembler le navire ! L’eau sombre du canal luit – les lampadaires. Ronds incandescents feux immobiles dans le noir de l’eau et du monde tout autour. On parle de barbes mal rasées. « La mienne », je fais, « c’est un ACCIDENT, OK ??!! » – pas le temps de me raser ça pousse tellement vite ces trucs là – et surtout pas de lumière dans ma salle de bain depuis quelques mois maintenant.

Merlu : « Je viens bientôt rejoindre ma copine. »

Bill : « Elle s’appelle comment ? »

Merlu : « Mina. »

Bill : « La mienne aussi ! »

Votre aimable serviteur : « C’est peut-être la même… »

Vérification faîte – non.

Avec Double on parle tags. Ce mec tague partout. « Des beaux trucs ou des graffitis ? » je demande un peu connement. « De tout » il me répond. « Mais je fais gaffe à pas faire chier les gens. Tu comprends – la ville est à nous et y’a des types qui nous imposent à tout bout de champ leurs merdes architecturales qui enlaidissent le paysage urbain. Alors je me permets tout modestement de remettre un peu de désordre de chaos dans tout ça. Je me réapproprie la ville. Je marque mon territoire. »

Montrer à la ville que tu existes… Flash – je me retrouve l’histoire d’un instant à Five Pointz – NYC.

Je sens encore qu’il nous faut partir – j’ai du mal à rester sur place – et j’ai tellement de trucs à voir à vivre à montrer à Bill. On rejoint la bande de potes de Double et Merlu qu’on avait pas approchée jusque là pour leur dire au revoir. Ils sont chargés – et pas qu’à blanc. Ils s’enregistrent en faisant du rap avec une GoPro. On écoute un gars qui crache son slam – vas-y vas-y – mais à la fin on s’aperçoit que c’est pas une impro – dommage… En deux temps trois mouvements la vidéo se retrouve sur Youtube. À toi de la trouver si tu veux, mec. Si t’es brave tu pourras même me filer le lien du clip dans les commentaires. Merci d’avance. Ces zozios de la nuit me font penser à Stupeflip – vite ! En concert un grand pogo – pire que ça – une vraie boucherie. J’étais avec Candy au premier rang c’était hardcore le public était déchaîné j’ai failli être écartelé-écrabouillé sur les barrières qui séparaient la scène du public. Je sais pas comment Nana a fait pour supporter tout ça. J’ai failli aussi perdre mes lunettes plusieurs fois – et quand j’en ai eu marre – c’est à dire assez vite et que j’ai voulu m’extirper de tout ce bordel j’ai marché sur un truc dur – ça a fait « Crouic ». Je crois que ma Dr Marten’s a écrasé une main.

On finit en aparté avec Merlu à parler communisme/marxisme, les extrêmes, fondamentalisme religieux, Palestine, communautarisme vs. œcuménisme.

La nuit est noire – l’air est chaud – brûlant.

Bill et moi on se tire avant d’évoquer la paix dans le monde et dans les ménages.

 

Suite et fin la semaine prochaine…