Archives de l’auteur : Ben Howl

À propos Ben Howl

Né en 17 à Leidenstadt, de parents nains connus.

Un séjour parisien

Share Button

Dans le nord de Paris

chez Candy Sweet et Marla

je fais genre

le gendre idéal –

la vaisselle et je laisse tout

tout propre derrière moi.

Balade aux airs du soir

autour du lac d’Enghien

des bières dans la main.

La vie ici

si loin si proche

du stress parisien.

Candy va à Lille l’an prochain.

Je l’attends de pied ferme.

Ça va être la java

ça va être le souk.

On va brûler, brûler, brûler

pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines.

 

Plus tard à la campagne

chez Sophie et Jules

le ciel est dégagé

loin des lumières

de la ville-lumière

tout va à vau l’eau à Vaux le Vicomte.

La légende raconte qu’ils vont bientôt se marier.

La même légende que celle des contes de fées

que Sophie finissait par ne plus croire

et à laquelle elle a toujours aspiré.

Je suis crevé

je rêve de Marlène

ses yeux de tigre

ses lèvres douces –

Elle et moi courons main dans la main dans les herbes vertes de la prairie.

Le matin quand je lève les volets

en calbute

je me vois ma bite

comme la grosse aiguille d’une horloge grandiloquente

genre hôtel de ville.

Tic tac tic tac tic

L’horloge baudelairienne –

Memento mori

et toutes ces conneries car moi

je revis.

 

Je réapparais à Paris

du côté de chez Sam

qui m’a laissé les clés avant de partir.

Je squatte chez lui

je saccage tout –

Attila – là où il passe même l’herbe trépasse.

Je range tout derrière moi

mais ma venue laisse quelques traces

un DVD laissé en plan

et une multiprise démantibulée.

 

Paris Gare du Nord

je suis cerné.

Contrôle de police

rien à déclarer

je me fais tâter

de la tête aux pieds.

 

Dans le train qui me ramène

sur le siège d’à côté

une fille se met à pleurer

« Peine de cœur ? »

je demande pas

et la fille répond pas non plus

même quand je lui propose un mouchoir.

 

Et c’est la fin.

La nuit tombe.

Je suis rentré.

Dehors des pétards claquent.

C’est le 14 juillet.

À la recherche d’Alexis Markowicz

Share Button

Même si le titre y ressemble, je vous arrête tout de suite, c’est pas parce que c’est la Fête Nationale que vous allez croire que je suis en train de pondre une histoire totalement loufoque comme je l’ai fait il y a quelques mois avec celle d’Arthur Martin.

Non non. Alexis Markowicz existe vraiment. Du moins, en quelque sorte.

J’ai rencontré rencontré pour la première fois Alexis Markowicz alors qu’on rentrait tous les deux en 6ème. Je l’ai pas tout de suite remarqué les jours suivant la rentrée. Normal – généralement, à cette époque de l’année et surtout quand on change d’établissement, qu’on est tous plus ou moins paumés et qu’on connaît à peu près personne, on fait tout pour pas trop se faire remarquer. Mais une fois qu’on a fini par s’acclimater à notre nouvel environnement, une fois qu’on prend nos repères, c’est là qu’on peut commencer à s’exprimer, c’est là que commence la période de nos vies appelée « collège » – le début de l’adolescence, l’abandon de l’inconscience… Mais de tout ça, en sixième, on en est encore loin – on est que des gosses et on en a rien à foutre. Vivre au jour le jour ! La bohème ! Mais quand même, sous le regard, sous le joug parfois – de nos darons.

Alexis Markowicz était dans ma classe. Il était gentil, touchant et drôle. Son humour était fin et délicat – plus délicat que le mien, déjà à l’époque. Il était fortiche au niveau imitations – il pouvait imiter Mitterrand et Chirac comme aux Guignols.

Il avait un autre point commun avec moi. Il était (est toujours) d’origine polonaise.

Bah ouais je suis polak, ça se voit non ? Ben Howl vous pensiez que c’était quoi ? Benjamin Howlowski. Bam – pure souche silésienne.

D’où son humour, peut-être – beaucoup plus subtil, beaucoup plus corrosif que celui des gamins de notre âge.

Enfin, dernier point commun – on dessinait tous les deux.

J’avais passé à peu près toutes les récrés de l’école primaire à dessiner dans le préau de l’école, parfois entouré de curieux, mais jamais de groupies – le dessin, comme l’écriture, c’est un acte solitaire – pour pas dire introspectif. Je dessinais des monstres horribles, sortis tout droit de mes rêves lovecraftiens, je racontais des histoires d’extra-terrestres et de Terre détruite à coup de bombes thermonucléaires. Alexis, lui, faisait des caricatures. Il croquait nos profs sur des bouts de feuilles de cahiers de cours, et quand il me montrait ses dernières merveilles je me fendais toujours la pêche. Je me souviens de Mme Dejoin, notre prof de français – vieille France, hyper-coincée. L’année où on l’avait eue comme prof, Alexis lui avait fait le portrait, et il lui a offert – le 02 juin… Pourquoi ce jour là ? Parce que le 02 juin, c’était logique, ça coulait de source, c’était sa fête, à Mme Dejoin… CQFD !

Alexis faisait des caricatures, et pour le coup, lui, il était vraiment solitaire. En cours, il y avait jamais personne à sa table. Et à la récré, je le croisais jamais.

J’ai vraiment fait connaissance avec Alexis un jour où on avait été collés tous les deux par notre prof principal, pour une raison hyper-conne et pas du tout justifiée.

Ce sadique nous avait collé un mercredi à 8h. On s’est fait chier pendant deux heures à recopier le règlement intérieur du collège – à l’envers, mot par mot s’il vous plaît ! – sinon ce serait pas drôle… – et puis après, on était de nouveau libres. Alexis m’a proposé de le raccompagner chez lui -et comme j’avais pas grand-chose à faire, j’ai accepté. Sur la route on s’est bien marré. Je crois que c’est la première fois que je me fendais autant la poire avec quelqu’un de mon âge. On est arrivés devant chez lui. Sa maison était grise, presque lugubre. Alexis m’a laissé là. Il était vraiment désolé, mais il pouvait pas me laisser rentrer. Ce jour là, l’huissier venait de confisquer les derniers meubles. Entre deux fous-rires sur le chemin de sa maison, Alexis avait eu le temps de me dire que ses parents étaient en situation de surendettement. Pour je sais pas quelles raisons, tout s’était écroulé autour d’eux, du jour au lendemain. Il avait l’air tellement triste que j’ai pas voulu approfondir le sujet.

On a convenu que la semaine suivante, après nos deux dernières heures de colle, ce serait lui qui viendrait chez moi. Mais quand j’ai ouvert la porte d’entrée et que j’ai dit : « Maman, Papa, je vous présente Alexis ! » ma mère s’est précipitée sur moi et elle a gueulé que non, je pouvais pas inviter des gens comme ça, sans prévenir, que c’était inadmissible, que je pouvais pas jouer dans ma chambre avec cet Alexis qu’elle connaissait ni d’Ève ni d’Adam et qu’il devait partir d’ici tout de suite.

On s’est donc retrouvés comme des cons dans la rue, et cette fois ci, c’était moi qui étais désolé. Histoire de me faire pardonner, j’ai proposé à Alexis de le raccompagner jusqu’à chez lui. En marchant j’ai tenté de lui expliquer que mes parents, malgré leurs défauts, ils étaient plutôt cool, mais j’avais pas vraiment le cœur à ça.

La situation était embarrassante – Alexis s’était fait renvoyer de chez moi comme un malpropre et j’avais l’impression de défendre l’indéfendable – je comprenais que mes parents refusent d’accueillir à la maison quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas, mais justement, pour qu’ils aient la chance de connaître Alexis, il fallait bien que je le ramène à la maison ! – mais heureusement, Alexis a changé de sujet. « Ma famille et moi, on est T.J », il me dit doucement. Comme s’il se confiait.

« T.J ? » je demande.

« Tu as entendu parler des Témoins de Jéhovah ? »

Ouais, vite fait, j’en avais entendu parler. C’était ces drôles de gens pas marrants qui venaient frapper à la porte de chez mes parents une ou deux fois par an et qui se faisaient claquer la porte au nez ? Je comprenais pas comment Alexis en était arrivé à parler de ça, je voyais pas le lien qu’il y avait… à moins qu’on soit comme des Témoins de Jéhovah, parce que nous aussi, finalement, ce jour là on s’était fait claquer la porte au nez par mes parents ?

Non non… En fait Alexis m’a expliqué que lui et sa famille, ils étaient Témoins de Jéhovah. Je sentais que ça le gênait pas spécialement de m’en parler, mais je sentais aussi que c’était quand même pour lui une confidence. Il me faisait confiance, il me considérait vraiment comme son pote ! J’étais honoré. Moi, du moment que je me poilais bien en sa compagnie, je m’en foutais qu’il ait pas de cadeaux à Noël, qu’il fête pas Carnaval ou je sais quoi…

 

Après ces deux fois deux heures de colle, après ces deux mercredis matins, on a plus jamais eu l’occasion d’être aussi proches, Alexis et moi. Je sais pas pourquoi. Je le saluais tous les matins, mais en cours, comme avant, il y avait jamais personne à sa table. Parce qu’en cours, j’essayais toujours de m’asseoir à côté, ou devant, ou derrière la fille dont j’étais amoureux. Et à la récré, je le croisais jamais. Parce que je passais mes récrés avec mes copains qui lui parlaient pas, et que lui il traînait tout seul.

Et après le collège, je l’ai plus jamais revu – même si j’ai cru l’avoir croisé, une ou deux fois. Dans la rue, dans un train, dans un café…

 

Et puis un jour, grâce au miracle des nouvelles technologies, grâce au web 2.0, grâce aux réseaux sociaux, je sais pas ce qu’il me prend – je tape son nom sur Facebook et je retrouve enfin sa trace. Et je découvre qu’Alexis Markowicz est désormais costumier au Moulin Rouge.

 

Au Moulin Rouge ! Faudra que je passe un de ces quatre – sans invitation.

 

Juste pour voir. Juste pour le voir…

Dans la forêt – partie 3

Share Button

0h30 – encore et toujours.

 

Le temps s’arrête. Toujours ce faisceau de lumière – ce putain de faisceau de lumière – au loin, qui ratisse les bois. Un peu comme dans le film E.T quand le vaisseau extraterrestre se pose.

On joue à un deux trois soleil avec lui.

Un deux trois ZOUIIIIIIIIIIIIIIIII – et la lumière fut – en plein devant nous – on se fige comme deux roseaux. Deux épouvantails traqués par les forces maléfiques.

Django a éteint sa lampe frontale et il fait : « Baisse toi ! Couche toi ! COUCHE TOI ! »

Son murmure est un cri. Un cri de panique mais surtout de désespoir. Je me baisse comme je peux mais je peux pas grand-chose.

Je crois que j’entends des bruits là-bas. Des voix ? Des gus qui parlent entre eux ? Le garde-forestier et son adjoint ? Comme si on avait été repérés. Et des bruits, des crissements, comme si on écrasait les branches, les feuilles et tout ce que vous pouvez imaginer trouver sur le sol dans la forêt. On s’approche de nous.

Le halo de lumière se fait plus intense.

Aventure épique – mon cul !

Django envoie des SMS à Melowne. Je l’entends pianoter discrètement sur le clavier de son portable old-school et ça m’énerve. C’est ça qui va alerter nos poursuivants.

Je regarde le mien, de portable. Smartphone genre je me la pète avec son appli calculette du tonnerre et surtout, pour le coup, son écran tactile et large, hyper-rétroéclairé. Django : « Éteins ton portable. ÉTEINS TON PORTABLE ! ». Pour lui c’est ça qui va nous faire repérer. Je m’exécute. Tant pis, je pourrais pas dire à Marlène que je l’aime, je pourrais pas lui demander de veiller sur Pat et Séb si jamais il m’arrive un truc. Mais Django a raison – en plus de la lumière qui émane de mon smartphone et qui nous rend méga-voyants – peut-être que là-bas ils ont des outils ultra-pointus pour géolocaliser les signaux qu’il émet.

On se fera pas avoir, foi de B.Howl !

Je fais le malin là, mais je vous jure que je tremble à mort. « T’as des crampes ? » Django me demande. « Non », je réponds. « T’as des crampes ? » Mais pourquoi il répète toujours deux fois ce qu’il dit ? « Non Django… J’ai… j’ai peur… »

Je veux que ça s’arrête. Je veux rentrer, me foutre au pieu, dormir pépère et qu’on me foute la paix jusqu’au restant de mes jours. À la place de ça, on est comme deux cons – je compte pas Melowne dans le tas – désolé mec, mais Melowne à l’heure qu’il est et vu son flegme légendaire, je l’imagine bien se la couler douce en mangeant le reste du gâteau de sa mère autour des dernières braises – et nous on est deux cons paumés immobiles en position de « je fais caca debout » – traqués au beau milieu des bois.

Allez Django, on se rend ! Au pire on se fait taper sur les doigts par les gardes-forestiers et on a une amende. Salée peut-être, mais qui va moins bousiller notre vie que cette peur intense et constante qui nous prend au bide depuis tout à l’heure. À moins qu’on risque la prison ?

Et s’il s’agissait pas de gardes-forestiers ? S’il s’agissait – je sais pas moi… – de tueurs en série façon Dexter dont le rituel est de creuser chaque semaine le lieu de repos final de leur nouvelle victime ?

Si c’était vraiment des Extraterrestres dont le seul but est de coloniser la terre et de réduire l’humanité à néant ?

Aidés dans leur mission démoniaque par des voitures qui se transforment en robots surpuissants ?

Si c’était des gens du futur paumés comme nous au point Delta d’un continuum espace-temps totalement ténu et embrouillé ?

Si c’était Dieu(x) ?

 

Avec ces conneries il est à présent 1h30 du matin.

 

Mon cœur bat la chamade et je ressens ses pulsations dans tout mon être. Un peu plus et je vais me pisser dessus.

Et la lumière fut – mais soudain elle disparaît.

C’est un leurre. Les entités pluriformes non-identifiées attendent patiemment qu’on fasse du bruit, qu’on se mette à découvert – après, ils auront plus qu’à nous cueillir.

Mais ça marchera pas. On est trop rusés pour se faire avoir.

J’entends des gens rigoler derrière !

Tant pis si c’est un leurre. Agenouillé comme un con, ma position est inconfortable. Je fais un peu de bruit, pour la discrétion on repassera, mais j’imite Django en me mettant allongé en chien de fusil – en position quasi-foetale, sur la terre, les feuilles mortes, les fougères et les ronces.

Aventure épique – mon cul !

Désormais on est face-à-face Django et moi – en position de la cuillère, mais inversée. Si les lumières réapparaissent, elles seront derrière moi. Je tremble toujours. Chuchotements couverts par les cris des marcassins : « T’as des crampes ?

– Toujours pas, Django… »

Django pose sa main sur ma joue. Ses doigts massent mes tempes – et ça me calme vachement. Certainement qu’il se sent responsable de la merde dans laquelle on est. Mais faut pas… S’il continue comme ça dix minutes, je crois que je serai capable de m’endormir – d’un coup, comme ça. Sa main sur mon visage… Un peu plus et ce serait super-érotique, je vous jure ! En tout cas, c’est chaud, et s’il nous arrive quelque chose, cette nuit, dans cette forêt, au moins j’aurais vécu ça. Django… ce geste fraternel…

Aventure épique – mon cul !

Soudain Django se redresse. « Qu’est-ce qu’il y a ? » je demande. « Il y a plus rien…

– Quoi ?

– Il y a plus rien, B.Howl. Plus de lumières.

– Sérieux ? »

Je me relève à mon tour et me tourne vers l’endroit d’où semblait provenir le halo tout à l’heure. Django a raison. La seule lumière qui nous éclaire, c’est celle de la Lune.

« C’est fini… » je soupire.

On est tous les deux debout maintenant. On voit quand même quelque chose au fond. Des ombres parsemées, des lumières dansantes. « Peut-être des gens qui ont eu la même idée que nous ? » fait Django.

Mouais… Ou peut-être nous ? Peut-être que c’est nous qu’on voit – dans le passé ? Je partage pas cette pensée avec Django, je suis parti trop loin, encore une fois…

« J’aimerais bien voir ce qu’il se passe là-bas… » fait Django en essayant de distinguer des formes, des bruits… « Non, mec. Ça sert à rien. Viens, faut qu’on cherche Melowne. »

On se remet en marche. Django a paumé sa lampe frontale en se couchant. On voit que dalle. C’est dans quelle direction ? On est paumés… Ça craint… Comment on va faire pour retrouver Melowne ? La nuit, dans la forêt, tout est pareil. On commence à ratisser la zone. Ça fait un sacré bout de temps qu’on est parti, et si ça se trouve, Melowne est parti à notre recherche… Vous avez déjà fait un cache-cache nocturne dans les bois ?

« Melowne ! » crie Django. « MELOOOOOOWNE !!! »

Au bout d’un moment, au loin entre deux arbres une forme s’esquisse. Une forme flegmatique qu’on reconnaît bien.

«  Là-bas ! »

On se précipite sur Melowne. Et devinez quoi ? Il est comme je me l’étais imaginé. Les doigts de pieds en éventails, accroupi sur un tronc d’arbre. Notre fabuleux feu de camp, par contre, est en train de vivre ses derniers instants. « Eh ben ! Vous en avez mis du temps les gars !… » Évidemment, aucun des SMS que Django lui a envoyés lui est parvenu.

Django est rempli de rage : « Ça sert à rien de rester ici les gars. C’est fini pour aujourd’hui. C’est bon, on met les voiles et on se tire de là. »

Aventure épique – mon cul !

Melowne s’en tape. Moi… je comprends la déception de Django, et sa décision. On voulait passer une nuit pénard – trois potes qui se retrouvent – et après ce qu’on vient de vivre, c’est inutile de rester là… – mais je suis plus fatigué maintenant. Trop d’adrénaline. Mes tempes vrombissent encore. On remballe toutes nos affaires, nos déchets, on étouffe notre feu de camp, et on déguerpit en silence, sans laisser de trace.

On traverse toute la forêt – sans se soucier des herbes hautes, des racines qui nous font presque tomber parfois, sans se soucier des ronces qui s’accrochent à nos pantalons, des bruits des sangliers qui se font de plus en plus menaçants. On regarde pas en arrière. Django marmonne. Il a une dent contre les lumières, contre ces gens hypothétiques qui nous ont effrayé, qui nous ont coupé dans notre élan. Ce qui compte, maintenant, c’est retrouver la twingo de Django et rentrer.

Aventure épique – mon cul !

Fuir et oublier toutes ces conneries le plus vite possible.

Enfin, la route. La voiture est là-bas, à 500m sur notre gauche. On y est presque.

Soudain Django s’arrête. « Regardez là, les gars ! » Je vois rien. Rien du tout. Et Melowne c’est pareil je crois. « Ouais ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Django est persuadé d’avoir vu quelque chose – ou quelqu’un. Une fille mince, en robe de mariée. Une fille qui luit. Une fille paumée comme nous, la nuit dans la forêt. Une fille spectrale. Un fantôme.

 

3h du matin.

 

Django, Melowne et moi-même qui montons fissa dans la twingo de Django – paumée comme nous dans la nuit à l’entrée de la forêt. Et Django qui, au lieu de prendre la route pour rentrer, fais demi-tour, tous phares éteints, jusqu’à une zone reculée de la forêt. Et Django qui baisse la vitre et qui gueule : « VOUS ÊTES CONTENTS ?? BANDE DE SALAUDS ! VOUS AVEZ GÂCHÉ MA SOIRÉE ! »

Mais ici seuls les arbres endormis et les animaux de la nuit l’entendent.

Puis Django redémarre en trombe – une seule idée dans nos têtes : fuir tout ce merdier.

Voilà omment on en est arrivé là…

 

 

Aventure épique – mon cul !

Dans la forêt – partie 2

Share Button

21h30 – toujours.

 

On entend Django au loin. « Il a fini par nous retrouver ! » je m’exclame. Melowne voit un sourire se dessiner sur mon visage. Mises au placard, les broutilles de tout à l’heure – Django se déplace parmi les arbres, et bientôt il est de retour parmi nous dans la clairière. « J’en reviens pas ! » il fait en voyant qu’on a déjà monté la tente et préparé le terrain pour le feu de camp. « Si tu crois qu’on allait se tourner les pouce pendant ton absence… » lance Melowne.

la tente

la tente

La nuit s’amorce, mais le ciel est encore clair. Pourtant, on est déjà plongé dans l’obscurité. Tous les arbres autour de nous profitent à notre place des dernières lueurs.

Django, en préparant le feu : « Tu sais B.Howl, si je me suis énervé tout à l’heure, c’est pas contre toi. C’est que j’ai horreur qu’on me dise ce que je dois faire ou non, surtout quand je sais ce que je fais.

– Je sais.

– Je voulais juste éloigner la voiture de la forêt, histoire que personne sache qu’on est là.

– Je sais.

– Parce que le gars de tout à l’heure, c’était pas un péquin, c’était le garde forestier.

– je sais, Dango. Je vois pas qui d’autre sillonnerait des chemins de forêts en 4×4 à l’heure des Enfants de la Télé… »

Melowne soupire. Il en a marre qu’on ressasse notre altercation, et on le comprend. C’est lui qui nous a fait flipper, quand il s’est pointé chez Django tout à l’heure, et qu’il nous a raconté que les feux de camp, c’était interdit et qu’on risquait une belle amende si on se faisait prendre par le garde forestier.

Les feuilles mortes commencent à bien prendre dans le sous-foyer, à la base de la structure pyramidale que Django a mise en place pour bien faire le feu de camp.

Je demande : « Qui t’a appris à dresser des feux de camp ?

– C’est Mac Fly, il y a quelques années, bien avant qu’il prenne la poudre d’escampette en Andalousie. À l’époque, il venait souvent ici. Seul. Il y passait des week-ends entiers.

– Sacré bonhomme !

ça prend

ça prend

 

22h30.

 

Django Melowne et moi. Trois loubards posés tranquillou autour des flammes qui dansent. Sans personne pour nous faire chier à des kilomètres à la ronde. On s’applique à manger nos victuailles. Le pâté est une tuerie, le pain cale bien. Le gâteau de la mère de Melowne on le dévore férocement. Mes bananes ont pas trop la côte, par contre – je suis le seul à en manger, histoire de dire que je mange équilibré. Et on arrose tout ça avec de la bonne bière bien comme il faut.

On se raconte des histoires, on se souvient de notre road-trip en vélo dans la baie du Mont Saint-Michel… c’était il y a près de dix ans, mine de rien. Quelle aventure épique.

Maintenant, à part notre feu de camp et la lampe frontale de Django, on est vraiment plongé dans le noir. Django se lève, fouille dans les affaires : « Est-ce que l’un d’entre vous a vu la lampe-torche traîner dans le coin ?

– Négatif. » fait Melowne. « Je crois qu’on l’a oubliée dans le coffre de la twingo.

– Merde…

Quand on parle pas, le silence est couvert par le bruit du bois mort qui crépite, celui des oiseaux qui poussent différents cris, et celui des animaux alentours. Et on est clairement pensifs dans cette parenthèse – comme si, la nuit venue, la nature reprenait tous ces droits. Je regarde le feu s’agiter paisiblement. Je regarde le feu et je pense aux premiers hommes qui l’ont « découvert ». Prométhée – le feu. Nahash – le bien et le mal. Et même le monolithe noir de 2001 L’Odyssée de l’Espace – l’outil/l’arme. L’évolution de l’espèce humaine aurait une cause extérieure ? Je pars loin, très loin.

feu de camp

feu de camp

On a déjà plus de bois. Django et Melowne décident de partir en expédition pour ramasser des branches mortes plus loin. Je reste dans la clairière, assis contre un tronc d’arbre, obnubilé par la puissance du feu et des esprits de la forêt.

 

23h.

 

Me voici tout seul à présent. J’envoie plein de SMS à Marlène mais pas de réseau ici – je peux pas les envoyer. J’ai un peu les boules, aussi.

Finalement Melowne et Django reviennent, chargés de bois. On discute encore un peu – on reste souvent silencieux, encore empêtrés dans nos rêves. Quelle aventure épique.

Soudain je sens quelque chose brûler sous mon pied. C’est pas sous mon pied que ça brûle, c’est MES GODASSES qui sont en train de brûler. Ma semelle a fondu, j’ai un énorme trou sous le pied. Encore une paire de Dr Martens niquée…

Au loin on entend des marcassins nasiller.

Quelle aventure épique.

Dr Martens cramée

Dr Martens à la  semelle fondue

 

0h30

 

Django veut rester éveillé jusqu’à « au moins deux heures du matin ». Moi je suis claqué, j’ai envie d’aller me coucher, et ce d’autant plus que je sais que je vais passer une sale nuit. La fatigue est accentuée par le fait que je me les gèle et en puis je commence à me faire chier. Et en plus on a fini toutes les bières. Allez, une dernière clope et je me pieute.

Django sent que je vais bientôt jeter l’éponge. « On a bientôt plus de bois. Ça te dit, B.Howl, de m’accompagner pour en ramener? » Non ça me dit pas. Mais bon, comme on se voit peu, comme ça fait longtemps qu’on a pas fait un truc ensemble, une aventure épique, OK, je me sors les doigts du cul et je viens avec toi.

Je me lève avec difficulté et bientôt je suis la lampe frontale de Django à travers la forêt. On s’éloigne de plus en plus de Melowne, j’espère qu’on arrivera sans problème à le retrouver.

Et soudain, de la lumière au loin. Django se fige et me demande de faire de même. C’est quoi ce délire ? C’est la lune qui nous éclaire trop fort ?

Ou c’est le garde-forestier ?

Merde…

Comment on en est arrivé là ?

Dans la forêt – partie 1

Share Button

3h du matin.

Django, Melowne et moi-même qu montons fissa dans la twingo de Django – paumée comme nous dans la nuit à l’entrée de la forêt. Et Django qui, au lieu de prendre la route pour rentrer, fais demi-tour, tous phares éteints, jusqu’à une zone reculée de la forêt. Et Django qui baisse la vitre et qui gueule : « VOUS ÊTES CONTENTS ?? BANDE DE SALAUDS ! VOUS AVEZ GÂCHÉ MA SOIRÉE ! »

Mais ici seuls les arbres endormis et les animaux de la nuit l’entendent.

Puis Django redémarre en trombe – une seule idée dans nos têtes : fuir tout ce merdier.

Comment on en est arrivé là ?

 

Ça fait des semaines que Django a émis l’idée de se faire un week-end nature pour se retrouver – lui, Melowne et moi – trois potes dans les bois, pendant que le loup n’y est pas. Comme au bon vieux temps, quand on partait faire de grandes embardées sauvages – la baie du Mont Saint Michel en vélo, les monts du Nord, les côtes d’Opale et d’ailleurs…

Et comme toujours Django qui planifie tout en amont. Dans sa tête, tout est précis, rangé, encadré. Il sait ce qu’il faut faire et on ne peut pas le dévier. J’aime son organisation méticuleuse – ça me permet de me laisser porter par le flot, tranquillement, sans me soucier de quoi que ce soit.

 

16h.

On se rejoint tous les trois chez Django. Ça fait un bail que j’ai pas vu Melowne. Il ronchonne, grommelle toujours. Comme toujours, il trouve l’idée conne. Mais pourtant, comme toujours, il est là, prêt à nous suivre. Il sait que l’aventure va être épique. On fait vraiment la paire, tous les trois. Je veux dire, on s’équilibre pas mal. Ce qui se passe, le plus souvent, c’est que Django nous sort de notre tanière, Melowne et moi, casse notre petit confort habituel, et nous on le freine un peu quand on juge qu’il va trop loin. C’est dans cette configuration qu’on quitte le pas de porte de chez Django, le cœur vaillant, l’esprit léger.

L’aventure va être épique.

 

18h30.

On traîne dans un estaminet à quelques kilomètres de la forêt. Dans la voiture, tout notre attirail. Un grand sac de lamelles de bois pour le feu. De l’allume-feu. Des pulls en polaire. Une lampe frontale, une torche. Nos sacs de couchage et la tente, évidemment. Du pâté fermier, du pain mastoc qui nous tiendra bien le ventre, des bananes, quelques bières mais pas trop – histoire de s’hydrater sans faire une soirée de soiffards, et – cerise sur le gâteau – un gâteau justement, un fondant au chocolat, préparé avec amour par la mère de Melowne parce qu’aujourd’hui c’est son anniversaire. D’ailleurs dans l’estaminet le tenancier nous offre une tournée pour fêter ça.

le sac de lamelles de bois

le sac de lamelles de bois

Fond sonore : radio nostalgie. Et le racisme ordinaire du tenancier qui nous fait la causette – il parle des gens qui sont pas du coin, des étrangers, et des saoulards qui peuplent abondamment son bar le samedi soir parce que les contrôles des flics, jamais vu dans le coin.

La France profonde, plus version Groland que JT de Pernaut.

Je suis pressé de me fondre dans la nature.

L’aventure va être épique.

 

21h30.

Dans la forêt. Couleurs verdoyantes, teintes ombragées. Aucun bruit de moteur, aucune agitation de la ville. J’ai pas l’habitude et je me sens pas très à l’aise pour l’instant – mais ça viendra, je le sais.

feuillages - pointillisme

feuillages – pointillisme

Je suis seul avec Melowne.

« Tu as vu comment il m’a parlé ? » je dis. « Tu as vu comment il s’est énervé ? T’as entendu ? Il pense sérieusement qu’il peut me briser les os en deux ? »

Melowne dit rien. Il me laisse poursuivre ma diatribe contre Django. Je sais que c’est futile mais je le fais quand même. Une fois que j’aurai tout déversé, je serai calmé. Acte cathartique. Et je voudrais bien savoir ce que Melowne en pense, dans quel camp il se range. Mais Melowne reste silencieux, stoïque. Ce mec, j’adore son flegme.

Ce qu’il s’est passé c’est qu’à l’entrée de la forêt on a croisé un gars en 4×4. Un touriste. Le dernier être humain dans les parages, à part nous. Les bois seront à nous. L’aventure va être épique.

Ensuite, Django a mené sa twingo loin sur le chemin. Puis il nous a déposé là, on a sorti toutes nos affaires et on s’en est allés dans les bois, pendant que le loup n’y est pas.

Au bout d’un moment on s’est posés. « Voilà ! On l’a trouvé, notre clairière ! C’est pas celle que j’avais vue quand j’avais fait mes repérages [quand je vous disais que Django planifiait tout ! Le jour d’avant, il était allé se promener dans la forêt pour repérer les coins où on pourrait camper !], mais ça conviendra tout à fait. Isolée, loin des sentiers… Ici, pas de risque qu’on nous voie, ou qu’on voie la fumée de notre feu de camp. On sera pénard ! »

Dans la forêt

La clairière

Django a marqué une pause, puis en montrant notre barda il a fait : « Gardez tout ça. J’ai un truc à faire. Je reviens dans une demi-heure. »

– Non » j’ai fait. « On est trois, on reste trois. Qu’est-ce que tu comptes faire ?

– On peut pas laisser la voiture sur le bord du chemin sinon ça va éveiller les soupçons. Alors je vais la garer ailleurs.

– C’est vrai que si le garde-forestier fait sa ronde et remarque une voiture en plein milieu du chemin, il va se douter qu’il y a quelqu’un dans les parages. » intervient Melowne.

« Ouais, je suis d’accord avec vous les gars. C’est pas ça le problème. Simplement, on ne se sépare pas. On reste unis, OK ? »

Le ton a commencé à monter entre Django et moi. Avec Melowne en spectateur totalement zen au beau milieu de cette joute verbale.

Django : « Je sais ce que je fais bordel ! »

Moi : « Ouais ouais. Je sais que tu sais ce que tu fais. Mais comment tu vas faire pour nous rejoindre après ? Tu vas te paumer, la forêt est immense… »

Django : « Je vous trouverai, vous inquiétez pas. Je connais la forêt. »

Moi : « Ah ouais ? Comment ? On peut même pas s’appeler, il y a pas de réseau dans le coin. Sérieusement, Django, je te le dis : on reste à trois, on ne se sépare pas sinon on va jamais se retrouver… Tu vas pas commencer à la jouer perso… »

Django : « Tu me chauffes, là, B.Howl ! Me fais pas chier ! Dégage de mes pattes sinon je te brise les os en deux. »

Il était furax, le mec – je voyais dans ses yeux qu’il plaisantait pas. Mais je captais pas pourquoi il s’était énervé. Je voulais l’amener à la raison mais, sans l’aide de Melowne, pas moyen… Du coup j’ai abdiqué, et j’ai laissé filé Django. Avant de me tourner le dos, il nous a rappelé que « Je vous rejoins dans une demi-heure. »

 

« Ça fait 28 minutes qu’il est parti, là… » je fais à Melowne. Je commence à paniquer « La nuit va bientôt tomber. Il faut qu’on monte la tente et qu’on prépare le feu de camp avant, sinon on est mal. En plus on a oublié la torche dans le coffre de la voiture et c’est Django qui a la lampe frontale. Il a intérêt à se dépêcher, sinon il va jamais nous retrouver… »

L’aventure va être épique.

Mais Melowne hausse les épaules : « Tu veux une part de gâteau ? »

Ce mec, j’adore son flegme.

Poème pour Henry Chinaski

Share Button

De turne en turne

De clope en clope

De ville en ville

De lèvres en lèvres

D’alcools en alcools

De fouffe en fouffe

La vie

feu d’artifice

vieux con pourri

Pétard mouillé

variations en vrac sur le thème de l’autofiction

Share Button

abîmes

mises en abyme

mimes en abysses.

Combien de pourcent est vrai si on peut calculer?

 

Ça traduit quelque chose… mais quoi ?

 

Tes peurs, tes angoisses.

Merci à http://ifaketext.com/

conversation avec Marlène

Stupides et contagieuses.

TOUTE RESSEMBLANCE AVEC DES FAITS OU DES PERSONNES EXISTANT OU AYANT EXISTÉ NE SERAIT QUE PURE COÏNCIDENCE.

En autofictionnant tout ça, tu les évacues.

 

Abysses animés

abymes abimées

 

Combien de pourcent est vrai si on peut calculer?

 

 

La cocaïne (ou chlorhydrate de cocaïne de son nom scientifique) se présente le plus souvent sous la forme d’une poudre blanche et floconneuse, plus rarement sous forme de cristaux. Celle qui alimente le trafic clandestin n’est pas pure. Elle est la plupart du temps coupée — « allongée » — dans le but d’en augmenter le volume, avec des substances diverses telles que le bicarbonate de soude, le sucre, le lactose ou des médicaments ou pesticides plus ou moins dangereux. (…)

La poudreuse

La poudreuse

Ces produits de coupe sont susceptibles d’en accroître les dangers par une potentialisation des effets ou par une interaction entre deux produits15. La poudre vendue sur le marché clandestin comme étant de la cocaïne n’en contiendrait en fait que 3 à 35 %*

 

Addis-Abeba.

 

auto-fixion

 

crucifixion

 

autofriction

 

Combien de pourcent est vrai si on peut calculer?

 

Tu prends un truc chez toi, dans ton comportement, dans ce que tu vis, ce que tu ressens – tu l’étires comme un élastique, tu extrapoles jusqu’à ce que de toi il ne reste quasiment rien.

 

አዲስአበባ

 

« Pure », OK… – mais pure à combien de pourcent ? »

 

Ou bien tu imagines un truc dont tu sais que ça ne t’arrivera jamais. Et tu te demandes comment tu le vivrais, ce que tu ferais si ça t’arrivait, ce que tu ressentirais.

 

Le déclic…

Le déclic je crois c’est quand j’ai lu Lunar Park, de Bret Easton Ellis.

ATTENTION – SPOILERS

C’était il y a longtemps – et c’était en allemand – me demande pas pourquoi… – alors je m’en rappelle plus très bien.

Tout ce que je peux dire, c’est que c’est Bret Easton Ellis qui raconte sa vie.

Un peu comme son journal intime.

Il raconte son histoire, ses bouquins, ses succès littéraires ( American Psycho, ça te parle?), ses déboires avec la drogue, et sa vie à l’époque du récit.

Il vient d’emménager dans des suburbs style Wisteria Lane avec sa compagne, Jayne Dennis, ancienne mannequin, et son fils – obligé par les tribunaux de le reconnaître. Le gamin 10 ans déjà totalement névrosé – sous anxyo’, lithium et tout le toutim.

Mais la maison est hantée et des souverêves cinglants accaparent Bret Easton – le spectre de son père, qui vient de mourir – mais aussi des fulgurances de Patrick Bateman, le yuppie sanguinaire d’American Psycho. L’écrivain doit faire face à ces démons et à sa nouvelle vie de père dont il n’a pas voulu.

Tu ressors de là tu comprends que ce n’est pas vrai. Enfin, pas tout. Mais où s’arrête le réel, où commence la fiction ?

C’est qui cette Jayne Dennis ? Pourquoi ça te dit rien ? En même temps, les anciennes mannequins, on peut pas dire que ce soit ta tasse de thé.

Malin comme tu es, tu fais quelques recherches sur les Internets – un peu comme ce que tu as fait avec Arthur Martin…

Et tu découvres un site web, une biographie, des photos… une vie…

 

Sauf que…

Combien de pourcent est vrai si on peut calculer?

Sauf que… Bret Easton Ellis n’a jamais été père, il n’a jamais croisé cette Jayne Dennis… pour la bonne et simple raison que celle-ci n’existe pas !

Ce qui est vrai par contre – sans doute… – c’est la mort de son père et ses propres personnages qui s’invitent parfois dans sa tête.

 

Autant te dire que ce bouquin m’a mis sur le cul.

 

 

 

 

 

*source : Wikipédia

Du côté des salauds

Share Button

Le vœu se réalise.

C’est bien beau tout ça.

Mais le plus intéressant c’est l’après.

Tu sais, « après », après la lune de miel,

après l’état de grâce

quand le drame se poursuit,

quand tes œillères sont percées,

quand tu t’aperçois que t’en chies toujours autant.

On va faire quoi ? Ramasser à la pelle les cendres de nos amours fumantes ?

Je lui reproche de jamais être là pour moi.

Non, pas jamais. Mais très peu. Trop peu.

Jamais.

Parce qu’on se voit jamais, tout simplement.

Elle me reproche de toujours faire le pitre.

Non, pas toujours. Mais en soirée. En public.

Toujours.

Parce que ça la gène. Parce que, selon elle, aux yeux des gens je finis par être stupide et que c’est contagieux.

Mais putain ouvre les yeux Marlène ! Je suis toujours comme ça !

Quand on est à deux, rien qu’à deux, le peu de fois qu’on est à deux, je les fais, mes pitreries grotesques !

Les blagues sur les porcs tout gais.

La descente des escaliers.

Le ventre qui chante « Don’t worry be happy ».

Et je te vois sourire, je te vois même rire, parfois ! – aux éclats.

Incompatibles…

Non ?

Ce serait le diagnostic de tous les bons médecins, non ?

Alors une nuit, une énième nuit où tu es pas là,

Je glisse de l’autre côté,

presque par hasard, presque naturellement.

Tu sais, « de l’autre côté », du côté des salauds

quand tu te retrouves dans la chambre tamisée d’une de tes nouvelles potes

quelques verres de blanc dans la tête

Tu la regardes des bulles dans les yeux

flous – folle, jeunesse disparate .

Elle te regarde

proie facile et vulnérable.

« je vais pas te faire un dessin ? »

ce soir tu feras l’affaire

Mais je peux pas, je…

Elle agite un sachet

le coup de grâce.

Tu soupires.

MDMA…

Et puis merde

à quoi bon se retenir ?

Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté,

du côté des salauds,

à part ceux qui ont croqué la pomme jusqu’à en avaler les pépins.

Se retrouver sur son ventre

Sentir sa peau douce

Sniffer à même le nez toute la MD dispersée

jusqu’au dernier grain

coincé dans le cratère de son nombril

parfums d’alcôve

aimer ça

jouer encore

à ces jeux d’adultes – plus ou moins

consentants.

Jouer jouir choir

T’aimer comme ça

malgré ça malgré tout

du côté des salauds.

Sur la table

Share Button

Je marche dans un blanc laiteux – en tout cas, je me déplace debout sur mes jambes – d’une façon qui me fait penser à la marche – en tout cas je flotte pas, ça c’est sûr.

Du moins, je crois.

Je me sens bien.

Je marche dans un blanc laiteux – je marche lentement comme si je devais encore apprendre, comme si je commençais juste à m’habituer, à prendre possession de mon être – et à faire connaissance avec mon environnement.

Je marche dans un blanc laiteux – et en même temps mon corps est allongé – tête un peu relevée, inox froid au contact de membres – je me sens bien mais je sens rien.

Anesthésié.

On est venu me chercher tout à l’heure dans ma chambre – on a installé tous ces bidules – ces fils, ces pompes, ces tubes autour de moi. Maintenant je suis sur la table d’opération.

Rien de grave je vous rassure.

Perfusions.

Ventilation assistée.

Tension : OK

ECG : nickel.

Le chirurgien claque ses gants de latex et commence son travail.

Petit coup de scalpel par ci, petit coup de scalpel par là.

Comme un maestro.

Un chef d’orchestre avec sa baguette.

Tchik-tchak

Je marche dans un blanc laiteux – c’est à cause de tout ce cocktail de drogues qu’ils m’ont administré, qui coule désormais dans mes veines, qui s’insinue jusqu’aux tréfonds de mon cerveau.

Sufentanil.

Hop !

Propofol.

Hop !

Et un petit peu de Bromure de vécuronium pour couronner le tout.

Olé.

Conscience suspendue.

Douleur annihilée.

Je sens rien.

Je me sens bien.

Une lumière au loin – diffuse. L’éclairage scialytique ?

Je vais vers elle sans avoir le choix.

Des ombres troubles au premier plan. Le chirurgien qui s’affaire ?

Ou toute une ribambelle d’animaux.

Ici un tigre.

Hop!

Là une girafe.

Hop!

Et là un bonobo.

Olé.

Je me sens bien.

Je sens rien.

Tigre girafe bonobo – Je les imagine un par un allongés comme moi sur le billard.

Et je finis par comprendre que tous ces animaux

pris un par un

c’est moi.

Je quitte le bloc.

Le tigre : mon côté sauvage et indomptable, sans doute…

La girafe, voyons voir – mon côté tête en l’air, doux rêveur ?

Et le bonobo ? Ça ça doit être mon côté stupide…

Salle d’éveil.

Les animaux s’agitent se déforment se distendent s’éloignent.

Je me sens moins bien.

Je commence à sentir de nouveau.

Je marche dans un blanc laiteux qui vire au trop plein de couleurs froides et moroses du retour à la réalité de ma chambre d’hôpital.

 

Pat & Séb

Share Button

Pat et Séb, c’est des poissons.

Le diminutif de Patrick et Sébastien – pour celles et ceux qui n’auraient pas reconnu la référence.

Pat et Séb, c’est mes poissons.

C’est pas des sardines, c’est des Black moor.
C’est eux qui, du fond de leur bocal, font fuir les pigeons de passage – Marcelline et Diya, et leurs bébés ; Jules et Verne, Marco et Polo, et Ken, évidemment…
Pat et Séb, c’est mes poissons.
C’est stupide, des poissons.

C’est contagieux.
Pat et Séb, je les ai eu en cadeau pour mon anniversaire.
Du fond de leur bocal, quand ils ont barboté dedans pour la toute première fois, ils ont pas dû capter. Baptisés civilement Pat et Séb, OK, mais disposer en sus d’autres prénoms officieux et secrets, ça, c’est peut-être compliqué pour leur micro-cerveau mouillé et leur carcasse schizoïde.
Du fond de leur bocal, quand ils ont barboté pour la toute première fois, ils m’ont vu pleurer – intérieurement du moins. J’allais quand même pas me mettre à chialer comme une gonzesse devant mes invités pour deux poissons tout riquiqui.
Là, ils ont dû se dire qu’enfin, j’allais devenir responsable – qu’enfin, j’avais quelqu’un dont je devrais m’occuper.
Changer l’eau du bocal tous les cinq jours – quand elle commence à être trouble et dégueulasse.
Leur verser à manger tous les matins à l’heure du petit déj’ –
Parce que c’est tout un art de s’occuper de ces petits montres difformes aux yeux globuleux et à la tête de con…
Là, ils ont dû se dire que j’allais faire attention à eux, que j’allais être doux et conciliant, les bercer tous les soirs par ma voix de soprane et les doux sons de mon ukulélé.
Là, ils ont aussi dû se dire que ça y est, j’allais arrêter de me casser tout le temps, tous les week-ends, en voyage, en vadrouille, bourlinguer, partir toujours plus en avant, me perdre dans des contrées lointaines, dans l’immensité des villes, dans les champs de France et d’ailleurs.

Non. On a beau évoluer, encore, toujours, par petites touches – il y a des choses qui changeront jamais.

dans le bocal

photo volée de Pat et Séb